Un miracle pour Mika !

Michaël Benjamin est décédé.


Ce samedi 15 octobre, la nouvelle a eu l’effet d’une déferlante qui a balayé toute l’actualité de son pays meurtri. Le moment fatidique de son écroulement sur scène a été vu un peu partout dans le monde, et dans son pays qu’il aimait tant, la vie s’est arrêtée.Quelques minutes avant la chute de ce jeune mapou de la musique caraïbéenne, il dédiait son concert à « Haïti chérie ». Le talentueux musicien était avant tout une belle âme. Malgré ses 41 ans, il est resté, à l’instar d’un Michael Jackson,une icône permanent des jeunes générations.


Toujours souriant, affable et courtois, Mika était connu pour sa grande sensibilité et son sens de la gratuité. Il n’hésitait pas à se produire bénévolement dans certains spectacles dans des écoles, ce, en dépit de sa grande notoriété.


Mika a chanté son pays sur tous les tons. Il l’a, dans un de ses textes cultes, « Ayiti »,célébré comme un être de chair que l’on adore pour sa beauté, mais aussi ses petits travers.


Il avait souhaité, plus jeune, dans la chanson « Vole », avoir des ailes pour s’envoler au loin, et se trouver devant Dieu pour une ultime prière. Le petit oiseau s’est transformé en « L’albatros » de Baudelaire qui a désormais « des ailes de géant » survolant nos « miasmes morbides ».Cette chanson, dans laquelle il disait : « si mwen te genzèl », est un petit bijou de réalisme merveilleux. Le texte-poème implore pour que la violence cesse dans son pays. Que les armes arrêtent de semer la mort. Mika qui n’a jamais perdu son innocence rêvait d’un pays transformé où le bien commun l’emporterait sur la bataille des égos. Son plus grand souhait était de voir les mornes se verdir et la terre nourricière nourrir ses habitants. Le chanteur qui refusait de briser le monde enchanteur de l’enfance verrait d’un bon œil les armes létales se transformer en jouets.


Mika l’artiste, l’ami du genre humain qui voulait que le monde soit un lieu de bonheur et de joie partagés, est parti dans un ultime tour de chant de la réconciliation.


Et si sa mort pouvait provoquer un miracle sur cette terre d’Haïti ravagée par des guerres de basse intensité et « les eaux glacées » de l’égoïsme ? Et si tous les Haïtiens, en plus de pleurer son départ, décidaient de vivre, comme lui, dans la paix, nos politiques signeraient alors une entente cordiale. Ainsi son rêve nourri depuis toujours d’une Haïti oùrègnerait la joie et où les gens mangeraient à leur faim deviendrait réalité. Élevé dans une famille altruiste qui s’est dédiée au bonheur humain, il a fait honneur à ses parents et aux communautés haïtiennes partout dans le monde.


La société civile et politique pourrait ensemble déterminer une vision pour Haïti. Un vrai miracle pour dire notre amour à Mika « l’enchanteur », le mage de la grande fraternité universelle.

Roody Edmé

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