Pour contrer, encore, le pire

On a commis un grand crime dans ce pays au cours de ces trente dernières années. Peut-être aussi que c’est un crime planifié qu’on a achevé. Ce crime, le plus horrible dans la vie d’une nation, est la dévalorisation du travail.

 

 

Aujourd’hui, avec l’exemple donné par toutes ces réussites « frauduleuses », surtout dans le domaine politique, le plus médiatisé, les jeunes, diplôme en main ou pas, ne pensent qu’à une seule chose : toucher le pactole le plus rapidement possible. L’escalier ? Ne connais pas ! Gravir les échelons par le mérite, par la compétence ? Laisse-moi rire. On veut, sans attendre, le plus haut salaire avec tous les privilèges liés à la fonction du chef et on comprend vite pourquoi la politique est le secteur le plus en vue pour une réussite rapide.

 

D’ailleurs, il est établi grâce aux soins empressés de ces hommes politiques qui ont fait l’histoire durant ces dernières années que la délinquance, la médiocrité, la veulerie sont des qualités demandés par les pouvoirs en place. Et les décideurs économiques veulent toujours des politiciens, des parlementaires à leurs ordres, malheureusement pas souvent dans l’intérêt de la population.

 

On revient encore au syndrome de la branche pourrie. Elle est pourrie, mais on rêve de venir s’asseoir dessus. Parce que cette branche, il faut être léger pour y prendre place. C’est-à-dire le cerveau vide, sans idées, une sorte de Frankenstein produit par les bas-fonds haïtiens, la « djakout » dépouillée de toutes les valeurs qui permettaient à notre société de cultiver un peu d’espoir.

 

Dans cette boue dans laquelle des secteurs politiques et économiques ont plongé ce pays, il faut s’en sortir, car, nous l’avons déjà dit, même si certains esprits mal dégrossis espèrent un exode massif qui pourrait leur rapporter gros, ce rêve ne se réalisera pas parce que les pays du continent ne pourront pas s’accommoder d’une telle invasion. La seule vérité est celle-ci : le trop-plein de chômeurs, de citoyens sans qualification sur notre territoire équivaut à une bombe qui, forcé- ment, explosera un jour pas trop lointain.

 

Donc on ne peut pas faire l’économie d’un pari sur l’intelligence. Intelligence de ceux qui auront la capacité de définir de bonnes politiques pour revaloriser le travail et la compétence. De bonnes politiques qui devront réveiller, créer, soigner l’intelligence chez toutes les âmes sur notre territoire.

 

Soyons sérieux ! On ne peut pas continuer, comme si de rien n’était, à fonctionner avec un système qui produit ces citoyens avec une mentalité de gangsters parce qu’ils n’ont devant eux que le modèle du nouveau gangster, en plus sans panache, sans vision, qui ne peut même pas se prévaloir de réalisations sociales de grande envergure comme certains caïds d’autres pays. La corruption est mortelle quand corrupteurs et corrompus n’ont que la tonnelle comme horizon.

 

L’intelligence haïtienne ne doit pas se laisser abattre même si des intérêts antinationaux jouent très fort sur le terrain pour un nouveau triomphe du statu quo. Ce statu quo, même s’il gagne les prochaines élections, continuera à montrer son visage avec plus de laideur : chômage, corruption, chute de la gourde, insécurité, exode, nos entreprises publiques en faillite et liquidées, notre souveraineté aux enchères, environnement détruit, démographie incontrôlable, etc.

 

La question sera alors de savoir si ceux qui ont eu à voter pour le statu quo, dépouillés de tout, affamés par les princes qu’ils ont eux-mêmes choisis, auront la force de lutter pour s’en sortir enfin. La Somalie de la Caraïbe est à l’horizon. C’est aux esprits encore lucides de travailler pour éviter cette ligne d’avenir.

 

La Rédaction

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