Le retour de l'État ?

La Police nationale a annoncé avoir repris le terminal pétrolier de Varreux contrôlé depuis plus de deux mois par un puissant chef de gang. Une victoire stratégique de première importance pour une force de sécurité connue pour ses trop faibles moyens opérationnels. Il est vrai que depuis une quinzaine de jours, elle s'est renforcée avec du matériel commandé du Canada.

Le blocage du plus grand port pétrolier a contribué à asphyxier ce qui restait d'une économie nationale déjà exsangue. Maintenant, il convient de consolider les positions et s'assurer en même temps que le carburant arrive dans les stations d'essence.

Car les mauvaises habitudes ont la vie dure. La rareté provoquée a créé un marché parallèle qui ne va pas disparaître d'un coup de baguette magique. Il faudra s'assurer de la sécurité de chaque transporteur et d'une régularité dans la distribution pour éviter une crise dans la crise.

Selon certaines sources, il y a eu des tractations secrètes entre les autorités de fait et le chef de bande fautif. Quoi qu'il en soit, une opération complexe alternant confrontation et négociation a bien lieu et celle-ci ouvrira certainement quelques perspectives pour la reprise des activités académiques sur l'ensemble du territoire.

Il reste toutefois beaucoup à faire sur le plan de la sécurité. La vague folle des enlèvements et l'installation systématique de filiales de gangs dans de nouveaux quartiers restent un énorme défi pour les forces de sécurité.

Le plus inquiétant est la stagnation des négociations politiques. Une récente contribution universitaire avait ouvert une fenêtre d'opportunité pour un grand accord politique, mais beaucoup d'obstacles restent encore à franchir.

Pourtant, les Haïtiens doivent enfin se décider à s'organiser pour définir un projet pour leur pays loin de cet avilissement permanent dans l'insécurité et la précarité. Pour s’en sortir, la bataille sans fin des leaders politiques devrait connaître un cran d’arrêt pour accoucher de ce compromis qu’attendent les Haïtiens. On ne voit pas comment on peut avancer sans un consensus national. Le reste – la reconstruction du pays – coulera de source du moment que les bâtisseurs se mettent d’accord sur le plan des travaux. C’est cela notre combat au « National », celui d’encourager le dialogue, point de départ pour déboucher sur des propositions sérieuses et fiables.

En ce sens, la libération de l’installation pétrolière de Varreux est déjà un pas vers un retour de l’État. En tout cas un début qu’il faut encourager.


Roody Edmé

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