Que faire avec Vertières ?

Vertières, le 18 novembre historique des pères fondateurs de la patrie ! Les dirigeants actuels continuent à commémorer cette date importante et capitale dans l’histoire d’Haïti, à défaut de pouvoir la célébrer en toute autorité et liberté. Il faut redonner plus de visibilité à tous les soldats qui se sont inscrits dans la Guerre de l’Indépendance. Il faudra institutionnaliser Vertières à travers de nouveaux chantiers intellectuels, éducatifs, culturels, universitaires, scientifiques et diplomatiques, comme plusieurs autres pays moins importants et influents dans l’histoire universelle le font si bien, même avec le mal commis contre d’autres nations et civilisations. 

 

Devoir de mémoire pour certains, dette historique pour d’autres, les Haïtiens peinent difficilement et même piteusement, 219 ans après, à s’entendre entre eux, pour mieux apprendre, afin de mieux comprendre le sens, l’importance, l’essence, la conscience, les connaissances et les compétences que la maîtrise du symbolisme du 18  novembre 1804.

 

Devant cette compréhension historique sur fond de manifestation de l’intelligence collective autour de Vertières qui tarde à se développer dans l’esprit des héritiers, et se manifester dans l’imaginaire collectif et les actions quotidiennes de chaque Haïtien, on ne peut s’empêcher de nous demander que faire avec Vertèbres ? Comment faire pour sauvegarder ce patrimoine national et universel, militaire et historique, politique et géopolitique, mystique et identitaire ?

 

Dans cette ultime et dernière bataille, menée après des jours, des semaines et des mois, puis conquise par la bravoure des valeureux soldats de l’armée indigène contre les plus importantes troupes coloniales de l’armée française de l’époque, l’absence d’un centre d’interprétation ou d’un véritable musée Vertières, pour instruire le plus grand nombre des Haïtiens sur cet événement majeur dans l’art de la guerre, et faire revivre ces moments phares dans l’histoire d’Haïti, est un manquement grave de la part des principaux héritiers et bénéficiaires politiques de cette Victoire historique.

Découvrir au-delà des collections du musée du Panthéon national haïtien (MUPANAH), de nouvelles expositions inédites et des animations multimédias sur l’histoire de Vertières, est une nécessité politique pour dépasser les simples gestes de dépôt de fleurs. Les pères fondateurs méritent plus que ça. Autant la confrontation historique persistante, la vengeance coloniale et les instruments de l’acculturation nous imposeront à nous armer avec les nouvelles stratégies de communication moderne et d’influence sociale, autant éduquer, sensibiliser et impliquer les élites et les masses dans une nouvelle forme d’appropriation de l’héritage de Vertières.   

 

Dans la bataille existentielle que se livre le peuple haïtien depuis des décennies, particulièrement entre 2004 et 2022, avec les nombreuses tentatives ignorantes de certains acteurs de l’opposition jadis, qui participent dans cette forme de désacralisation des plus importantes dates historiques dans l’histoire d’Haïti, la promotion ou la création d’un fonds d’investissement patriotique pour développer de nouvelles initiatives et des animations, de nouveaux produits et services, autour des dates importantes comme Vertières, pourraient offrir des réponses rassurantes et intelligentes à la question que faire de Vertières ?

 

De la célébration en terre étrangère par des Haïtiens encore fiers de leur origine, à la commémoration historique nationale, réduite entre des gerbes de fleurs et l’indignation au cœur, une armée chétive et une police rachitique, ils sont des milliers et des millions de jeunes et des Haïtiens, présents sur les réseaux sociaux, qui attendent un signal, un message, un logo, une icône, une animation authentique de cette histoire militaire et universelle haïtienne, pour en faire un merveilleux instrument de communication de masse, un outil de valorisation sociale, un aimant pour renforcer positivement l’appartenance nationale.

 

Demain, il sera trop tard. C’est maintenant ou jamais, après l’inscription tardive de la bataille de Vertières dans le dictionnaire français, sous l’influence de Dany Laferrière, d’inviter le plus grand nombre des Haïtiens de l’extérieur, leurs enfants et petits-enfants, à mener sur d’autres fronts de nouvelles batailles symboliques, en affichant et affirmant fièrement leur appartenance à Haïti, en dépit des crises, des crimes, des catastrophes et des conflits qui chercheront à cacher les plus belles pages d’histoire de l’une des plus grandes nations au monde.

 

Dessalines sera pour une fois fier de nous. En sachant que nous nous servons avec intelligence, de Vertières, comme un véritable et vertical levier, pour nous relever, en tant que peuple, descendant des gardiens qui ont imposé le nouvel ordre mondial pour la dignité humaine et l’égalité des races, au lendemain de la bataille décisive de Vertières.  Ce symbole qu’il faudra replacer, avec du charbon, à défaut de crayon, dans tous les anciens et récents livres d’histoire universelle, dont les auteurs et les éditeurs persistent à omettre cette vérité historique, cette leçon géopolitique.

 Voilà ce qu’il faudrait commencer par faire, en attendant de réécrire ou de refaire l’histoire avec un grand « H ».

 

Dominique Domerçant

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