L’intelligence de la patience !

De 1791 à 1804, ce sont pratiquement treize années qui s'étaient écoulées dans la marche des esclaves de la colonie Saint-Domingue pour la reconnaissance de l’ensemble de leurs droits en tant qu'être humain.

 

Deux siècles après, si beaucoup de personnes, parmi les plus avisées, cherchent souvent à comparer la société haïtienne avec celles des autres pays. On retiendra quand même l'âge historique, économique, culturel ou politique, de chaque nation, comme un paramètre important à prendre en compte. Quel est le poids réel du temps dans la tragédie actuelle en Haïti ? Comment éduquer certains acteurs, et en particulier les masses autour de l’intelligence de la patience active, et non passive pour pouvoir mieux s’inscrire dans le développement de leur communauté respective ? Comment éduquer les jeunes d’aujourd’hui sur l’intelligence de la patience pour mieux les empêcher de se précipiter vers le chaos ?   

 

De 1957 à 1986, pendant l'ère des Duvalier, la culture de la patience, en dehors de la résistance, a été pratiquement l’une des meilleures vertus pratiquées par les plus chanceux des survivants, opposants du pouvoir de l'époque. Ces hommes et ces femmes, entre militants et figures politiques, avaient fini, par le pouvoir de la patience, par revoir un jour le soleil de la liberté, après plusieurs décennies de silence, de souffrance, de prison et d’exil.

De 2010 à l'année 2023, cela fera treize ans depuis que Haïti a été au centre du monde, comme la terre à subir la plus grande catastrophe naturelle et humaine dans ce nouveau millénaire.

 

Devant les situations d'adversité ou de détresse, la patience est parmi les meilleures aptitudes à adopter pour mieux apprendre et comprendre certains leviers, parmi tant de causes profondes, réelles ou cachées. Elle permet aussi bien de se défendre, jusqu’à retrouver le cap, le temps de se reconstruire émotionnellement et d’appliquer les nouvelles stratégies. 

  

La « Lettre de prison » d’Antonio Gramsci, qui impose à la fois une somme d’intelligence et de patience nécessaires pour mener les combats parfois impensables, nous dit: « Je suis pessimiste par l’intelligence, mais optimiste par la volonté. Je pense, en toute circonstance, à la pire hypothèse, pour mettre en branle toutes mes réserves de volonté et être capable d'abattre l’obstacle. Je ne me suis jamais fait d’illusions et n’ai jamais eu de désillusions. En particulier, je me suis toujours armé d’une patience illimitée, non passive, inerte, mais animée de persévérance. »  

Des paroles simples, pourtant animées d’une forme d’intelligence insoupçonnée et inépuisable source d'énergie pour alimenter la patience que beaucoup de familles haïtiennes devraient rechercher dans ce carrefour de la résistance pour la survie de l'Être haïtien.

 

Dans l’application de l’intelligence de la patience, on finit par maîtriser un grand nombre de paramètres dans la notion du temps, tout en justifiant et en renouvelant les raisons pour lesquelles la sagesse nous invite d’attendre, pour mieux apprendre de nouvelles leçons indispensables. Pour atteindre la victoire.

 

Dans la vie de chaque individu, de chaque famille, de chaque institution, communauté ou nation, il existe une horloge pour déterminer l’agenda et la vitesse d’accomplissement d’un certain nombre d'événements les plus marquants et les plus décisifs, que seule l’intelligence du temps permet de découvrir les rythmes, pour justifier la formule: « Tout vient à point, à qui sait attendre ! »  

 

Dominique Domerçant

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