Haïti et la date du 29 novembre !

Dans l’histoire contemporaine d’Haïti, la journée du 29 novembre 1987 restera pendant longtemps l’une des dates les plus sombres dans la mémoire collective. La ruelle Vaillant, ce paisible quartier de la capitale haïtienne, porte encore les tâches de sang et de chair de plus d’une dizaine d’électeurs qui sont morts, assassinés par des militaires, selon les témoignages retenus et les nouvelles rapportées. Parce que ces électeurs voulaient tout simplement répondre à leur devoir civique et leur responsabilité citoyenne. 

 

 

Démocratie en gestation au lendemain des événements du 7 février 1986. Haïti allait inaugurer un nouveau massacre de trop. Un retour à la barbarie. Un détour politique, à travers la chance d'un renouveau de leadership que ces élections inspiraient entre les discours. 

 

Des années après, ce drame de trop, à la fois électoral, historique, national et suicidaire, post-Duvalier,  a du mal à céder sa place à d'autres événements moins tristes. 

 

Des familles endeuillées sont pratiquement oubliées, et les noms de ces 14  victimes au moins cherchent en vain à briller sur le socle d'un mémorial, pour mieux rappeler aux héritiers de ces martyrs démocratiques, la lourde tribu payée par dizaines et des centaines pour l'accès aux privilèges que jouissent un grand nombre d'Haïtiens de nos jours. 

 

Dans le décor actuel imposé sur les clôtures du bâtiment reconstruit après le séisme de 2010, de l’École Argentine Bellegarde, cet établissement qui a accueilli les bureaux de vote de la ruelle Vaillant, en novembre 1987, des scènes atroces et sanglantes, des images troublantes et révoltantes permettent de retracer certains des faits qui racontent la résistance de certaines institutions et entités rebelles et  résistantes face à la démocratie et à la liberté d'expression et des droits humains. 

 

Dimanche sombre. Les événements marquant le 29 novembre 1987 n’ont cependant pas empêché heureusement à  des milliers ou des millions d’autres citoyens, des hommes et des femmes engagés dans le développement de leur communauté, et en âge de voter, de se mobiliser pour aller voter aux différentes élections qui se sont déroulées  depuis, dans le pays. 

 

Dernière ce drame irréparable, qu’a connu le pays, heureusement que la nation pourra compter sur d’autres faits un peu plus inspirants et valorisants pour traverser l’avant-dernière journée du onzième mois de chaque année. 

 

Dans les jours qui suivirent la grande et décisive victoire de l’Armée indigène sur les troupes coloniales françaises, le 18 novembre 1803, la date du 29 novembre 1803 rappellera l’entrée triomphale de l’armée indigène triomphante au Cap-Haitien (avant Cap-Français).  Un signal fort, qui confirmait la défaite des anciens bourreaux qui imposaient l’esclavage à des milliers de Noirs, des familles, des parents et leurs enfants. 

 

D’autres faits marquants, comme la suspension de la Constitution de 1843 le 29 novembre 1844, par le successeur de Rivière Hérard, vont continuer à  assombrir cette date du 29 novembre.  Un fait marquant, qui annonçait à cette époque, le règne d’une nouvelle dictature, portée par le président Guerrier. 

 

Des dates qui reviennent chaque année, comme des leçons que l'histoire nous enseigne. Pourquoi se rappeler du drame de novembre 1987 ? Comment réparer les torts des familles et la mémoire des victimes innocentes en Haïti ?

 

Dominique Domerçant

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