Insoutenable attente

La crise haïtienne apparaît comme une bactérie extrêmement résistante à toutes les ordonnances. Les « soins palliatifs » prodigués ça et là n'ont fait qu'aggraver les pathologies sociales et politiques qui rongent mortellement le pays. Les kidnappings se poursuivent à un rythme accéléré et les défis sécuritaires s'amoncellent jusqu'à engloutir nos dirigeants dans une sordide et muette impuissance.

Malgré tout, la vie continue, resserrée, réduite à son expression la plus simple. Il y a heureusement la Coupe du monde qui permet des « échappées belles » autour du rectangle vert. Quatre-vingt-dix minutes d'oubli et au coup de sifflet final de chaque match, l'angoisse reprend les fans à la gorge.

Pendant ce temps, les bandes armées, enhardies par l’impuissance des forces de l’ordre et l'impunité qui s’en suit, continuent leur sale besogne. Des bandits viennent de massacrer en plein jour une douzaine de personnes dans la région de Source Matelas. Quand on sait que ces nouvelles victimes ne trouveront pas justice, comme les centaines d’autres personnes tuées arbitrairement ces dernières années, il y a de quoi désespérer.

 

Les expéditions punitives se multiplient à l’encontre des populations civiles qui manifestent ne serait une velléité de résistance.

Dans le même temps, le dialogue de sourds entre politiciens impuissants à juguler la crise se poursuit au bord de l'abîme. La fascination pour le vide se transforme en folle ivresse des profondeurs de l'autodestruction. Des Haïtiens sourcilleux de leur souveraineté alimentent l'impuissance d'une communauté internationale peu pressée de réparer les erreurs commises avec le support « d'agents locaux » peu sourcilleux.

 

Le résultat est la poursuite du jeu de massacre dans une sorte de folie meurtrière. Un jeu à somme nulle qui expose notre incapacité à prendre en main notre destin. Nos détestations sont plus fortes que notre empathie pour toute une nation en souffrance.

 

Les humiliations se multiplient contre les réfugiés haïtiens en terre voisine, mais ces tristes événements n'influent en rien les accords politiques. Tout va plutôt bien, Madame la marquise! Qui a dit que le ridicule ne tuait pas.

 

Roody Edmé

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