Document majeur utilisé dans les relations internationales et les relations humaines, la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948, par les 58 États membres qui constituaient l’Assemblée générale, a du mal à germer dans la terre d’Haïti.
Avec les trente articles qui la composent, cette déclaration est vitale pour les sociétés modernes, incluant les populations qui occupent le territoire de la République d’Haïti. Et pourtant, nombreux sont les jeunes Haïtiens âgés de moins de trente qui disposent du monopole de droit de vie et de mort sur bon nombre de citoyens et de citoyennes en Haïti.
Dans l’article premier, il est écrit : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. ». Et le troisième article précise : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ». Comment enseigner et faire appliquer les principes et les valeurs des Droits humains dans toutes les villes sans valoriser et consolider les institutions et l'ordre social ?
Des mots forts, beaux, et même de trop, qui perdent leur sens et leur essence dans un pays où des centaines et des milliers de familles vivent dans la crasse, pataugent dans la misère, dans l’ignorance et dans des situations de marginalisation les plus déshumanisantes. Pourquoi autant d’indifférence envers ces communautés oubliées en Haïti, qui ont aussi des droits ?
Décennie après décennie, en Haïti comme dans plusieurs autres pays dans le monde, on célèbre et commémore cette date. Et pourtant, les droits semblent se résumer, en Haïti, au simple privilège de jouir paradoxalement de la peur de tout, la peur partout, la peur de nous !
Comme un rituel, tous les professeurs qui débutent un cours à tous les niveaux du système éducatif haïtien devraient prendre le temps de questionner l’assistance, pour questionner sur le nombre de personnes qui souhaitent ou non rester en Haïti. Pourquoi fuir ? Partir d’Haïti est devenu un ultime devoir pour la majorité des jeunes.
Dans un élan collectif et sans trop grande surprise, des jeunes comme des adultes n'hésitent pas à lever leurs mains pour exprimer leur refus, leur ras-le-bol de vivre en Haïti. Pourquoi sommes-nous arrivés là, dans ce chaos infernal ? Comment s’en sortir et sauver les meubles ? Comment reconstituer le tissu social haïtien à partir de la promotion des Droits humains ? Quels sont les rares droits qui sont respectés en Haïti ? Pourquoi la promotion du droit à l’éducation est une obligation d’État pour socialiser les masses et responsabiliser les dirigeants ?
Droits de l’homme et droit de vivre en Haïti. Il arrivera un moment où l’ensemble des acteurs de la société haïtienne devrait s’entendre sur le rôle capital de l’éducation comme un passage obligé, pour préparer les prochaines générations. En s’engageant de façon intelligente à réduire, de façon radicale, les enfants dans les rues, les dirigeants et les familles vont finir par assurer un meilleur avenir à leurs enfants, pour qu’ils puissent jouir de leurs droits civils, politiques et culturels, incluant leur bien-être.
Droits de l’homme, démocratie et développement en Haïti, tels sont les trois concepts qui semblent difficilement trouver une articulation capable de fournir des résultats en matière de politique publique dans le pays de tous les cocktails et des discours sans fin et sans suite. À quand remonte la dernière campagne de sensibilisation des familles sur les droits de l’homme dans les quartiers populaires en Haïti ?
Droits de l’homme et droit de vivre en Haïti. L’avenir en Haïti pourra se définir lorsque l’éducation de qualité, les choix politiques et les priorités économiques serviront de passerelles autour d’un véritable agenda national consensuel, pour matérialiser les principaux objectifs de développement durable. Peut-on réinventer le droit de vivre en toute liberté et dignité en Haïti, sans passer par l’éducation ?
Dominique Domerçant