Et si les groupes musicaux haïtiens s’impliquaient dans l’éducation de la population ?

Dans l’état actuel des choses, avec le chaos dans toutes les couches de la population,  où l’on chante au passé  la vie culturelle,  les loisirs, les spectacles et activités nocturnes, pratiquement personne ne sort gagnant dans ce cycle infernal de crises multiples et de violences en boucle qui continue de déshumaniser la population. 

 

Devant ce triste constat, les groupes musicaux, qui ne peuvent pas profiter du calme et de la paix sociale, devraient contribuer dans la promotion des messages valorisants et inspirants auprès des publics jeunes.

 

Des compositions qui ne tiennent pas compte de vrais problèmes des jeunes, des familles, des enfants,  des filles et des femmes, ne devraient pas trouver de place dans les répétitions des groupes musicaux haïtiens.  Il nous faut des titres qui peuvent parler à celles et ceux qui définissent les nouvelles lignes entre la vie et la mort, de nos jours en Haïti. 

 

Dans la situation actuelle, les artistes ne peuvent en aucun cas rester insensibles aux malades, aux marchandes, aux orphelins, au destin des migrants, des déportés et aux initiatives les plus louables portées par les  acteurs publics et privés, qui sont autant pris entre l’enclume de la violence et le marteau des crises sociopolitiques. 

 

De l’engagement social des artistes haïtiens, c’est pratiquement ce qui manque dans la majorité des compositions,  des albums,  des interprétations et des adaptations  que nous proposent de célèbres musiciens et des groupes connus, comme de nouveaux artistes qui veulent se faire une place dans l’industrie.  

 

Disons non aux nouveaux albums que proposeront des groupes ou musiciens haïtiens, qui ne disposent même pas d’une seule pièce pour faire écho aux cris des sans voix, des masses, des orphelins, des martyrs,  des personnes violées, des policiers et des paisibles citoyens anonymes que l’on oublie dans l’actualité au quotidien. 

 

Demandons aux animateurs et promoteurs, les plus célèbres et les plus influents de l’industrie musicale, d’encourager les talents à élever le niveau, à traiter des sujets plus utiles, savants et inspirants. C’est l’avenir de la jeunesse qui se joue, dans chaque note, dans chaque parole, dans chaque chanson, dans chaque refrain. 

 

Danser c’est bien. Chanter c’est encore mieux. Mais quand ces deux exercices ne permettent pas aux simples citoyens de prendre conscience de leur état, de se responsabiliser, pour ne pas passer sa vie à critiquer ou à toujours attendre des autres, l’ensemble des activités de production, de création et d’animation qui accompagnent cette chanson deviennent inutiles. 

 

Dans la musique haïtienne, il est possible de recréer l’espoir, d’offrir une nouvelle source de motivation à chaque famille, à chaque haïtien, aux jeunes et à leurs parents, si et seulement si les compositeurs et les musiciens acceptent d’investir dans des compositions plus savantes et plus utiles, moins vides et stériles.  Avant, pendant ou après les prochaines éditions du carnaval dans le pays, il faudra penser et repasser l’essence des messages dans la musique haïtienne. 

 

Dominique Domerçant

 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES