La souffrance des nations et communautés que Haïti inspirait ?

De 1804 à 1915, ils étaient des milliers et des millions d’hommes et de femmes établis sur les différents territoires du Nouveau Monde, pour reprendre certains historiens, qui allaient connaître des heures de gloire, des moments de fierté, en sachant que certains leaders et martyrs, des braves esclaves révoltes et des combattants pour la liberté des Noirs de Saint-Domingue finissaient par imposer un nouvel ordre mondial, initié dans la nuit du 13 au 14 août 1791.

Depuis ce jour, le nouvel État, le premier du genre dans l’histoire universelle, loin de se contenter d’offrir la possibilité aux hommes, femmes et enfants d’exister désormais en tant qu’être humain, s’organisait pour négocier avec les états colonialistes et esclavagistes la liberté de tous les esclaves, de tous les noirs qui survivaient dans les différentes plantations de territoires de la région. 

Difficile de croire à un tel engagement pour la liberté et une telle mobilisation pour la dignité des hommes et femmes dits de couleurs à cette époque. On pourra tout simplement constater et comprendre les conséquences dans le traitement ou le sort imposé depuis, à cette nation, par les anciennes puissances coloniales reconverties dans l’économie capitaliste.

De 1915 à nos jours, en passant certainement par la période de la décolonisation du continent africain, elles sont nombreuses les nouvelles nations à porter un double regard, à la fois admiratif et critique envers Haïti.

D’un côté, les pères fondateurs de la première République noire au monde ont posé des actes humanistes, solidaires et universels que le monde civilisé n’oubliera jamais ; pour avoir osé, s’opposer et s’imposer aux puissances dominantes de l’époque.  

Dans un autre sens, la d’échéance de l’héritage de Verrières, la décadence du rêve de 1804, la destruction du symbolisme d’Haïti dans l’histoire universelle, et la déshumanisation progressive et continue de la population haïtienne ne rend pratiquement plus fière certaines de ces nations et communautés qui s’étaient inspirées d’Haïti, en 1791, 1803 et 1804. 

De la souffrance, de l’indignation, de la déception, des remords, des questionnements et du silence. Ce sont parmi les expressions qui continuent d’être véhiculées dans les échanges, les regards et les communications entre la majorité des populations descendantes des bénéficiaires du rêve haïtien, pour la liberté, l’égalité et la dignité des peuples.  

Dommage. Ces nations et communautés héritières, fières et solidaires d’Haïti, tout en se sympathisant à la souffrance contemporaine et continue d’Haïti, doivent toutefois se rappeler que le sort d’Haïti est avant tout un signal pour tuer dans l’œuf le modèle indomptable, l’exception de 1804.  

 

Dominique Domerçant

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