Un appel qui donne espoir

Une tribune a fait couler beaucoup d’encre et suscité ici et ailleurs des flots de paroles. Il s’agit du vibrant appel d’hommes politiques et d’intellectuels de renom du Monde noir à une solidarité envers Haïti. Ce qui est intéressant dans cette prise de position, c’est que ce vibrant appel inclut un rappel tout aussi poignant de ce que fut la Première république noire du monde et comment, après 219 ans d’existence, elle a peu à peu sombré dans le malheur. Deux éditorialistes de l’hebdomadaire « Haïti en Marche » ont qualifié de démarche hautement éthique. En effet, le texte de haut vol interpelle la conscience mondiale sur une situation humaine insoutenable. L’enfer que vivent les Haïtiens au quotidien ne doit être perçu uniquement à l’aune de la géopolitique. La polarisation actuelle, induite par la crise ukrainienne, ne doit pas marginaliser une crise haïtienne aux proportions quasi « génocidaires ». Les crimes contre l’humanité se commettent au quotidien, avec le viol et les autres outrages faits aux femmes réduits, à une révoltante banalité.

La misère s’est aggravée avec le blocage des principales routes nationales et les régions se meurent dans l’isolement le plus total. Toutes les facettes d’une « guerre » d’extermination se trouvent réunies dans ce « farwest » post moderne.

Ce que tiennent à souligner ces leaders africains, c’est que la situation haïtienne quoique désespérante est loin d’être une fatalité. Ils ont rappelé que ce pays a été, en Amérique latine et dans le monde, un éminent symbole de la lutte pour l’émancipation des peuples. Et que ce peuple a un droit inaliénable à une solidarité agissante de la part de la « communauté internationale », ces États qui se proclament péremptoirement « amis d’Haïti ».

Mais cet appel est aussi une interpellation directe aux élites de ce pays pour qu’elles mettent fin au « chen manje chen » et à l’indifférence crasse vis-à-vis de la misère de leurs frères. Et qu’enfin naisse un grand mouvement national patriotique qui, sinon met fin, du moins restreint nos détestations érigées en sport national, en vue d’une utopie empathique et solidaire.

Par-delà les déclarations d’intention, il faut des actions concrètes pouvant faire naître à l’aube de cette nouvelle année une bienfaisante espérance.


Roody Edmé

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES