Pourquoi défendre l’expertise haïtienne à tout prix ?

De nombreux professionnels haïtiens, disposant de solides formations et des années d’expériences réalisées en Haïti et à l’étranger, ont fait le choix de vivre et de s’investir en Haïti dans tous les sens.

Détrompez-vous ! Personne ne leur a demandé de rester, malgré le fait que tout n’est pas rose dans le pays. Et ce ne sont pas souvent leurs employeurs qui les encouragent à se créer une place au sein de cette société. Encore moins, ce n’est pas l’environnement social global ou les conditions de travail immédiat qui les motivent à s’investir dans cette forme de résistance nationale et d’intelligence collective ?

D’un sentiment patriotique souvent masqué ou d’un attachement irréversible, voilé dans une marque de reconnaissance envers la terre qui les avait nourris, construits et modelés, la majorité de ces hommes et ces femmes, parmi les mieux préparés professionnellement et intellectuellement, ont pris volontairement la décision de rester ou de retourner en Haïti, après des études supérieures et des expériences pertinentes sous d’autres cieux.

Dans la majorité des cas, ces femmes et ces hommes avaient été sollicités par des employeurs. Déterminés à ne pas trahir leur vision de contribuer au relèvement de leur pays, ils reviennent vivre souvent dans un pays qui ne valorisent pas toujours les compétences et l’excellence. Malheureusement !

 

Derrière tous les sacrifices qui accompagnent ces douloureuses et difficiles décisions professionnelles de rester en Haïti, pendant que d’autres choisissent de partir, aux premiers cris et crimes, casses ou crises, les plus hautes autorités du pays et les élites conscientes devraient prendre le temps de réfléchir sur l’importance et l’utilité de ce qui reste (ti rès-la) comme expertise haïtienne pour assurer la gouvernance durable du pays.

Difficile de croire, ou même de comprendre pourquoi dans un même projet ou pour l’exécution des mêmes tâches, l’on décide d’imposer une grille salariale imprimée, avec l’encre de la discrimination sociale et raciale, qui rappelle si bien la période coloniale esclavagiste d’avant le 18 novembre 1803, suivant le système d’exploitation établi dans les nombreuses plantations agricoles qui prévoyaient des conditions et des horaires de travail, des avantages pour les colons et les affranchis, et pratiquement des miettes pour les esclaves, représentés souvent dans le contexte actuel par certains experts locaux, trop fiers de voir leurs compétences et contributions appréciées, pourtant très furieux à la fin par rapport aux traitements qui leur sont imposés ! Ce, par rapport aux experts expatriés.

De l’administration publique haïtienne doit venir le signal. Des décisions des plus hautes autorités doivent suivre les réformes indispensables et nécessaires pour protéger les droits des hauts cadres et techniciens qualifiés qui se sont investis corps et âme pour servir leur pays, et pour faire respecter le professionnalisme et l’expertise d’excellence « Made in Haïti », à sa juste valeur. Pourquoi défendre l’expertise haïtienne à tout prix ?

 

 

Il est nécessaire de réaliser l’inventaire ou l’actualisation des hauts cadres et des experts haïtiens en ces temps de crises majeures (insécurité, enlèvement, corruption, absence de plan de développement et discrimination professionnelle) causant de façon accélérée la fuite accélérée des familles, notamment des hommes et des femmes, parmi les mieux formés et les plus expérimentés dans les différents domaines vitaux et stratégiques pour redresser le pays, afin de tenter de retenir cette hémorragie de cerveaux.

Dans le pays où nous osons rêver malgré tout, comment remotiver, retenir et remobiliser ces ressources locales hautement compétentes et qualifiées ? Quelles sont les expertises locales en voie de disparition et indisponibles en Haïti au cours des dernières années ? Quelle politique publique nationale pour renouveler et renforcer les ressources humaines dans la gouvernance globale, locale et transversale en Haïti ?

 

Dominique Domerçant

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