Mettre fin à la condescendance

Le peuple haïtien a, à profusion, des mères, des pères et des guides. Mais, à chaque fois qu’il faut trouver des leaders responsables et des défenseurs des citoyens, on peut remuer toute la classe politique, faire le tri dans celle des affaires, voire dans les multinationales de la charité ou de la religion. C’est toujours sans succès.

Plus qu’un trait culturel marquant, il s’agit d’une faillite intellectuelle des dirigeants que la société choisit d’ignorer ou refuse de commenter. Papa Dòk, Manman zanfan, le père du peuple, Manman baz sont des personnages qui ont poussé la condescendance jusqu’au ridicule.

Cela crée un malaise puisqu’il est admis, et facilement compris, qu’infantiliser un peuple convient à le transformer en un regroupement d’abrutis. Il faudra certainement remettre en question les communications simplistes de personnes (politiques ou assimilés) qui cherchent l’affection des populations qu’elles dominent ou qu’elles souhaitent dominer.

La crise actuelle est complexe. Et les défis qui en découlent le sont tout autant. Et, il est étonnant que certains acteurs ne comprennent pas encore que l’heure soit au dialogue, au débat public, aux propositions et à l’action. Le peuple aurait besoin de comprendre ce qu’il doit faire pour, enfin, bénéficier de la production et de la livraison de bonnes idées et de services adaptés par ceux qui sont élus ou désignés pour le faire.

 L’urgence de la conjoncture est de parvenir à résoudre un problème vital : comment rendre sa dignité au peuple haïtien en le permettant d’envisager sa vie chez lui, en Haïti ? Mais, ceci est une autre histoire.

La condescendance n’est pas simplement un problème en Haïti. C’est une plaie qui confirme que nous nous plaisons et nous enfonçons dans le confort des pratiques d’abrutissement de tout un peuple. Ce besoin d’être parrain, marraine, père ou mère pour dominer est une moisissure qui contamine.

Nous connaissons la chanson.

Il serait, en vérité, souhaitable que dorénavant la communication politique de masse prenne en considération les besoins légitimes du peuple haïtien.  Les citoyens ont besoin de s’identifier à des leaders qui les traitent en personnes sensées, capables de se prendre en charge et de contribuer au développement de leur pays.

Le dénouement de la crise exige, sans aucun doute, plus de sérieux et d’intelligence. La population doit surement avoir assez d’être les principales victimes d’un système sur lequel ils ne peuvent ni intervenir ni exercer une influence. 

Tout compte fait, mieux vaut être adulte responsable que fille ou fils de. En Haïti, il faut compter les citoyens par millions.

La Rédaction

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