Le piège haïtien !

Dans le cadre de la 44e réunion de la CARICOM à Nassau (Bahamas), une énième conférence sur Haïti vient de se terminer avec au bout du compte des résultats plutôt mitigés.

Le Canada promet le déploiement dans les prochaines semaines de deux navires au large de nos côtes. C’est, pour le moment, l’engagement le plus fort de la part du pays qui s’est jusqu’ici le plus engagé sur le dossier haïtien. On ne peut cependant pas s’empêcher de se demander à quoi peuvent bien servir ces vaisseaux. Contrarier la piraterie maritime qui s’est développée ces derniers mois ? Contrôler les cargaisons d’armes qui, dit-on, continuent d’affluer sur nos « malheureuses » côtes ? Peut-être vrai, mais tout cela reste à voir !

Toujours est-il que l’appui canadien se veut constant, mais limité par le militantisme des gardiens de notre souveraineté qu’on retrouve aussi bien dans le pays qu’en diaspora. Un activisme qui fait montre d’une grande efficacité parce que bénéficiant d’importants relais dans les sociétés civiles. Ce nationalisme sourcilleux a ses titres de noblesse, surtout en raison des échecs de politiques interventionnistes du passé.

Toutefois, il faudra se poser des questions sur les capacités de nos forces de sécurité à nous sortir de cette « souricière ». La violence métastasée dans tout le corps social réclame une cure dont il nous faudra trouver la bonne formule.

Il ne nous reste dans cette quadrature du cercle que le renforcement à marche forcée de la Police nationale. Encore faudra-t-il que les États-Unis abolissent la loi qui interdit de fournir des armes directement à notre pays ou que le Canada accélère la livraison des blindés achetés par Haïti !

Notons que plus de sept cents gradués de la Police n’ont pas pu encore être déployés faute d’armes et de munitions. Il y a aussi le nécessaire travail consistant à séparer le bon grain de l’ivraie ; à entamer ou poursuivre toute chose qui prendra du temps. Donc, les prochains mois seront encore très durs pendant que le pays se vide de sa force de travail et de ses meilleurs cadres.

Le départ volontaire au sein de l’administration publique a connu un rare succès, tant le sauve-qui-peut devient le leitmotiv sur toutes les lèvres.

Quoiqu’il en soit, des organisations de la société civile et des partis politiques refusent le diagnostic de la disparition assurée du pays. Contre vents et marées, ils continuent à travailler pour rassembler les bonnes volontés pour une croisade civique et patriotique.

Mais le claquement des fusils dans la ville sonne chaque jour les trompettes de la mort et fige le temps du massacre.

Roody Edmé

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