La souveraine incompétence

Il y a raison d'être sidéré devant l’incompétence des dirigeants qui se sont succédé aux commandes de la chose publique depuis des décennies. Une incompétence qui relève de la folie, de pulsions suicidaires ou de la méchanceté tout simplement. À moins qu’au-delà de toutes les théories qu’on peut bâtir sur la question de la gouvernance, la raison de ce cirque soit d’une banalité triviale. Le pouvoir jusqu’à ce jour où nous écrivons ces lignes n’est qu’un espace bestial de jouissance de privilèges. Mais à la décharge de nos dirigeants, il faut admettre que notre société tout entière baigne dans le déni de l’humain, un atavique instinct de rester dans le petit, « sous la tonnelle » comme aimait à le dire un sociologue aujourd’hui disparu.

 

Comment par exemple des dits dirigeants ont-ils accepté après le séisme de 2010 l’implantation de bidonvilles le long d’un axe routier aussi stratégique que la Nationale # 1 ? La plus simple des réflexions aurait dû aboutir à la conclusion qu’après quinze à vingt ans au maximum, de grands problèmes de sécurité se poseraient sur cette route vitale pour les échanges économiques entre six départements. Il est vrai qu’on a eu vent d’une réflexion d’un chef d’État qui avait déclaré à quelqu’un venu lui présenter un projet à long terme : « Dans dix ans, m pa p la ankò. », prouvant de nouveau que pour comprendre le mal profond de notre pays il ne faut pas prendre de la hauteur, mais rester à ras le sol, au niveau des instincts et désirs bestiaux de ceux qui nous gouvernent.

De nombreux quartiers dits aisés sont aujourd’hui en proie à l’insécurité. Des quartiers dont les résidents se vantaient d’être « safe », vu que la plupart d’eux étaient armés. Sauf qu’on peut être bien armé individuellement, mais sans la volonté collective de se mettre ensemble pour juguler un problème, la brèche est grande ouverte pour les bandits. Mais tout comme à Canaan, dans ces quartiers prétendument huppés, les ghettos ont proliféré comme des champignons derrière hauts murs avec barbelés ou tessons de bouteilles. Dans les ravins serpentant à travers la montagne, une fourmilière d’oubliés, de méprisés s’est établie dans l’indifférence générale des élites résidant dans ces zones et des pouvoirs publics qui ne sont que leurs émanations. L’insécurité explose dans ces quartiers comme elle a explosé à Canaan et pour la juguler il faudra du temps, de l’intelligence, de la volonté et surtout des dirigeants d’un autre calibre que celui dont nous avons l’habitude.

On s’achemine, dit-on, vers les élections. S’il est indiscutable qu’on devra passer par les joutes électorales pour avoir de nouveaux dirigeants, on ne peut être qu’effrayé devant l’ampleur du désastre humain pensé et réalisé par des officines qui continuent à agir dans l’ombre. L’objectif de ce désastre provoqué est de perpétuer le cercle vicieux pour qu’à chaque fois nous ayons des dirigeants plus incompétents, plus médiocres, plus veules.

On ne va pas se consoler parce qu’un ministre allemand a parlé de « chars blindés » pendant les guerres napoléoniennes. 80% et même plus de nos jeunes ne savent même pas qui est Napoléon.

 

Gary VICTOR

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