Quel avenir pour les femmes en Haïti ?

Dans les familles, dans la production agricole et le commerce informel, dans le fonctionnement du système éducatif et dans les industries de la sous-traitance, dans l'ensemble des activités religieuses, et même sur les trottoirs des principales villes et les quartiers qui peuvent offrir des activités le jour comme la nuit, entre autres, les filles et les femmes sont bel et bien présentes et actives dans la dynamique socio-économique et culturelle. 

 

D'un point de vue politique et sécuritaire, deux des secteurs les plus déterminants dans la crise haïtienne en cours et persistante, les filles, et surtout les femmes, ne sont pas aussi influentes dans les choix et les décisions. 

 

Des acteurs, ou surtout des actrices, qui affichent toujours une présence constante certes, ces femmes ne disposent pas véritablement entre leurs mains le volant du véhicule national, pour l'orienter ou le redresser loin de la falaise. 

 

Dans ce qu'on observe dans le pays depuis des décennies, les femmes à défaut d'être de simples bénéficiaires passives ou proactives, on les confond souvent à ces « chauffeurs à droite », dans le transport en commun en Haïti. Un rôle de second, un rôle d'intermédiaire entre le pilote du véhicule et les passagers, pour garantir la recette et recevoir toutes sortes de doléances !

 

Devant un tel tableau, il sera pratiquement difficile de parler de l'avenir de femmes en Haïti, si ces dernières ne disposent pas véritablement des moyens et de l'autorité pour orienter et influencer les choix et les voies à suivre, entre la bonne ou la mauvaise direction que devrait emprunter la nation. 

 

Développer ses compétences, ses influences, ses connaissances et ses accointances pour pouvoir piloter le véhicule à son tour, à l'aller ou au retour, ou bien les deux à l'avenir devient le passage obligé pour les filles et les femmes qui souhaitent décider différemment de leur avenir. 

 

Depuis toujours, la vie ne fait jamais de cadeau à personne. Même pas à Mirlande Manigat, Martine Moïse ou Élisabeth Débrosse Préval. Trois des plus célèbres veuves du pays, d'anciennes Premières dames. Toutes issues certes des familles aisées ou modestes, elles se sont construit leurs places au prix de grands sacrifices et de l'engagement pour pouvoir s'inscrire dans l'histoire nationale, même en dans un rôle de second.

 

Devenir, pour reprendre le titre de l'ouvrage de Michèle Obama, dans un pays de plus en plus difficile et imprévisible comme Haïti, impose des sacrifices surhumains que seul l'être qui est capable de donner la vie à d'autres personnes pourrait consentir. 

 

Décider de l'avenir d'Haïti, dans ce contexte de renouveau mondial, devra inévitablement prendre en compte l'avenir des femmes en particulier en tant que « Potomitan », de la famille, dans ce contexte de déshumanisation par les viols et les violences urbaines institutionnalisées, d'acculturation accélérée par les médias sociaux, de modernisation pour certains et de perversion pour d'autres, suivant les valeurs et les traditions. 

 

Défendre le droit de vivre en Haïti, en toute dignité, c'est aussi défendre les droits des millions de filles et des millions de femmes qui souhaitent profiter et partager la joie de vivre avec leurs maris, protéger et propulser leurs enfants et préparer la retraite de leurs parents, tout en assumant leur devoir respectif.

 

Des droits et des devoirs, en dehors des priorités et des responsabilités à assumer par les filles et les femmes en Haïti, en matière de développement durable, comme dans les autres coins du monde. Ce sont les connaissances et les compétences, les comportements et les conseils qu'on devrait partager avec la jeunesse haïtienne. Il nous faut responsabiliser l'ensemble des filles du pays, qui doivent garantir l'avenir de la femme haïtienne, avant, pendant et après chaque commémoration de la date du 8 mars, parmi d'autres repères temporels inscrits dans l'agenda international des femmes d'ici et d'ailleurs. 

 

Dominique Domerçant

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