Un peuple terrassé par la peur

Un jeune poète est décédé la semaine dernière d’une balle perdue. Cet artiste tombé face au soleil n’est qu’un cas parmi d’autres, une de ces nombreuses victimes de la terreur ambiante. C’est du terrorisme. Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’une famille entière est prise en otage avec son bébé alors qu’elle tentait s’enfuir d’un quartier assiégé depuis une semaine. Quand on brûle une camionnette avec tous ses occupants sans raison apparente. Quand des commandos organisent chaque week-end des missions punitives dans des quartiers de la ville, exécutant à tour de bras des riverains, dont le seul tort d’avoir été au mauvais lieu au mauvais moment.

Une terreur aveugle et débridée qui nous harcèle dans nos rues. Qui nous visite impunément dans nos maisons et dont l’agenda affiché aux yeux du monde entier est d’emprisonner tout un peuple dans la peur. Les gangs chez nous ne fonctionnent pas comme ailleurs où on accepte un semblant d’État et à côté des « PME du crime », il y a une société qui fonctionne et un monde légal qui, tout en « cohabitant » avec la criminalité, la combat.

En Haïti, les organisations de la terreur contrôlent des pans entiers du territoire national. Elles « administrent », et possèdent des « tribunaux » qui rendent des « jugements » sommaires, comme celui de décider du destin des jeunes filles kidnappées, de séparer des couples et de menacer à tout va en défiant les forces de l’ordre.

 

Les Haïtiens n’en peuvent plus. Sur les réseaux sociaux, certains hurlent leur peine, appellent à l’aide, supplient des forces de l’ordre impuissantes. D’autres s’organisent dans les quartiers tant soit peu.

 

Pendant ce temps, le monde politique reste « encastré » dans le froid béton de l’impuissance ou de projets à naître. La communauté internationale propose des remèdes doux, comme quand un guérisseur prescrit du jus de papaye à un malade atteint d’un cancer virulent.

 

Quoi qu’il en soit, ici comme ailleurs, la politique de l’autruche n’est plus une option face au terrorisme qui, un jour, finira par déborder nos frontières déjà poreuses. Dans « Le Journal de Montréal », un journaliste canadien a estimé que les cent millions de dollars que Justin Trudeau veut dépenser pour aider Haïti est un « gaspillage de temps et d’argent » parce que la solution doit avant tout sortir « de l’intérieur », ajoutant que tant que les Haïtiens ne sont pas arrivés à mettre eux-mêmes en prison « la racaille qui les exploite », leur situation ne s’améliorera pas. Et si les Haïtiens mettaient de côté leurs différends pour s’occuper de leur destin et avenir communs, comme ils le proclament à longueur de journée sans jamais passer à l’acte ? Une piste à explorer !

 

Roody Edmé

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