Pas de Constitution possible sans l’éducation de la population !

Du 29 mars 1987 au 29 mars 2023, déjà 36 ans depuis que le peuple haïtien, sous l’influence des nouveaux leaders et dirigeants de l’après Duvalier, s’était inscrit dans une nouvelle dynamique politique et institutionnelle, sociale et culturelle en choisissant la « Démocratie ».  Quels sont les connaissances, les compétences et les comportements qui manquent aux Haïtiens pour respecter et faire respecter la Constitution ?

 

Dans le choix populaire et politique de cette nouvelle Constitution, personne ne savait ce que le pays allait connaitre comme transition ? Même pas les architectes de ce document, parmi ces constituants qui pensaient offrir une œuvre sans tâche au pays. Encore moins, les centaines de milliers de votants de ce référendum, et les survivants de cette génération ne pensaient pas que le pays allait se trouver encore dans ce carrefour difficile, cette interminable transition démocratique, 36 ans plus tard.

 

Dictature Vs Démocratie, pratiquement, c’est à un match nul auquel nous assistons tous près de quatre décennies après. À chaque régime son lot de dérive, de destruction de vies ou des institutions, les deux pratiquement dans le cas actuel. À qui la faute ? Comment sortir le pays de ce chaos ? Quelles sont les véritables limites de la Constitution de 1987 si pratiquement très peu de dirigeants l’ont appliquée à la lettre ? Quel avenir pour le projet de la nouvelle Constitution ?

De 1987 à nos jours, on ne peut compter le nombre de serments, de promesses et d’engagements pris lors des cérémonies d’investiture, d’installation et d’intronisation des hommes et des femmes qui souhaitaient faire la différence par rapport à leurs prédécesseurs. Hélas ! Plus d’un a perdu la face, d’autres ont cédé la place sans laisser de trace, encore moins accomplis de tâches honorifiques, encore moins historiques !  

Des engagements non respectés et des errements répétés, en dehors de l’amendement qui répondait à peine à certaines de nos attentes institutionnelles parmi les plus urgentes. La Constitution de 1986 se meurt entre les tiroirs des institutions affaiblies par la République, et les déboires d’une population affamée et apeurée, qui rumine sa dignité dans l’histoire des ancêtres, qui ne peuvent plus faire renaître la grandeur de cette nation.

 

Droit et devoir se confinent dans le pouvoir des détenteurs de la violence, et confondent dans l’anarchie dominée par la peur, l’ignorance, l’indigence et l’indifférence. Pendant pratiquement 36 ans, le système éducatif haïtien n’a pas joué son véritable rôle dans la fabrication du citoyen et de la famille en Haïti ? Dans aucune salle de classe, on n’a pris le soin de rendre obligatoire l’enseignement de la Constitution ! Alors comment pourrait-on demander à ces mêmes citoyens de l’appliquer ou de la faire appliquer ?  

Devant tous ces errements autour des engagements non respectés par les uns et les autres, on pourrait se demander au-delà des discours et des publications, des rencontres de toutes sortes et des recommandations qui découlent en cascade, chaque 29 mars, depuis 36 ans, de quoi avons-nous véritablement besoin en Haïti dans le contexte actuel ? Est-ce une nouvelle Constitution ou de nouveaux régimes de sanctions sans partis pris, des institutions fortes ou des dirigeants déterminés à faire appliquer les lois du pays, dans l’intérêt du plus grand nombre et sans exclusion sociale ?  

 

De la dictature à la démocratie, en passant par la situation actuelle de délabrement qui empêche toute forme de développement économique et social et durable dans le pays, aucune Constitution ne pourra et ne sera appliquée, sans une prise en compte et une appropriation de ce document-cadre dans le système éducatif en général, afin d’informer, de former et de responsabiliser tous les fils et toutes les filles de la nation. 36 ans après, il est venu le temps d’inscrire la Constitution dans les cours obligatoires et les travaux pratiques depuis la petite enfance jusqu’aux formations professionnelles et universitaires, pour une meilleure valorisation de la culture démocratique !

 

Dominique Domerçant

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