L’insécurité, une problématique complexe

Le territoire est transformé en un espace où peuvent surgir à n’importe quel moment des échanges de tirs comme dans un western. Depuis quelque temps, les enlèvements ont repris sur fond d’assassinats publics et spectaculaires. Mettre fin à cette sanglante hémorragie requiert de la part des forces de l’ordre, une meilleure organisation, une stratégie bien ficelée, et des équipements performants, mais aussi, et surtout un effort gigantesque des pouvoirs publics en direction de ceux qui vivent dans la précarité. La criminalité organisée à laquelle nous faisons face est multiforme. Elle est le résultat combiné de plusieurs facteurs : l’explosion démographique urbaine et l’irruption « d’archipels de la misère », sans oublier les actions contre-productives de milices de gens fortunés, ou de politiciens en mal de pouvoir. Ne croyant pas dans le vote populaire, certains préfèrent recourir à ce genre de soutien marginal et contre-productif.

 

S’il faut certes, plus de policiers dans les rues, des forces spécialisées plus nombreuses, la solution ne peut dépendre d’un simple rapport de forces. D’autant que ce dernier est loin d’être en faveur des forces régulières, car les bandes sont partout comme des mites dans le tissu urbain, mais on les retrouve aussi, pullulant comme de mauvaises herbes dans les rizières de l’Artibonite.

 

Le Brésil qui possède une des armées les plus puissantes de la région n’arrive pas à éradiquer un banditisme de plus en plus puissant et spatialement diffus. Les forces de sécurité brésiliennes ont, depuis quelques années, lancé des opérations pour reconquérir les favelas de Rio. Il s’agissait à l’époque de permettre à la ville de faire peau neuve, à l’occasion de la Coupe du Monde de 2014 et des Jeux olympiques de 2016. Des opérations menées tambour battant avec hélicoptères, drones, blindés et bataillons de choc : 264 favelas rassemblant 1,5 million de personnes ont été reprises aux trafiquants de drogue qui avaient commencé à administrer ces zones de non-droit longtemps délaissées par les autorités.

 

Mais en fait l’occupation a été décidée en accord avec les chefs des bandes armées dont certains se sont réfugiés dans d’autres quartiers. L’opération n’a pas permis de libérer entièrement les populations qui n’ont connu qu’un certain répit. Le mode de fonctionnement et la logistique de ces forces parallèles s’étaient adaptés à la nouvelle situation. Il n’a pas eu d’opération de police en profondeur, une fois le terrain occupé par les fusiliers marins brésiliens.

 

La Police brésilienne affirme plutôt vouloir combattre la structure du crime, que les trafiquants eux-mêmes, en occupant des territoires jusqu’ici entièrement sous contrôle du grand banditisme.

 

Il se trouve que nous avons des problèmes similaires sans les moyens importants des militaires brésiliens. De plus, nos quartiers sont encore plus impénétrables, en raison de la surpopulation et de l’anarchie des constructions. En outre, il faut un travail professionnel pour éviter que ne soient victimes, les populations prises en otages et qui n’ont souvent d’autres choix que d’offrir un semblant de collaboration aux gangs.

 

C’est aussi et surtout une question de société. Une problématique tordue qu’un gouvernement uniquement ne peut résoudre, seul. Seule une refondation sur un fond d’accord entre toutes les forces vives du pays peut permettre de dégager une approche consensuelle susceptible de combattre le Léviathan de l’insécurité.

 

La Rédaction

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES