Pepe Mujica : « un héros américain »

C’est dans le sous-continent américain, plus précisément en Uruguay, qu’a émergé cet homme politique hors du commun. Jose Mujica, de son surnom Pépé, a réinventé la politique. Après plus de quatorze années dans les geôles immondes de la dictature des militaires et plus de deux ans au fond d’un puits, le leader du « frente amplio » en est ressorti brillant du feu sacré de la liberté et de l’égalité. Oui, c’est dans cette Amérique du Sud, surveillée par la CIA comme du lait sur le feu, cette région qui a vu se développer le caudillisme comme une sorte de sous-culture, que l’ex-guérillero a innové. Il a su effectuer des réformes fiscales plus justes, contourner les politiques d’ajustement structurel du Fonds monétaire international. Son programme politique a su éviter les emballements idéologiques pour se rapprocher beaucoup plus d’une Lula que d’un Hugo Chavez.

C’est cet ancien président, « le plus pauvre d’Amérique » que le cinéaste Arnold Antonin a été voir dans sa modeste ferme à des lieux de Montevideo, la capitale.

Mais pourquoi un film hors d’Haïti et sur une personnalité étrangère ? Tout simplement parce que, dans les moments difficiles que nous vivons, il faut recommencer à mettre l’accent sur l’éthique et la politique. On a besoin d’exemples parlants comme celui de Pepe Mujica qui, dans son entrevue avec Arnold Antonin, n’a cessé d’évoquer son rêve de grandeur pour une région riche, mais trop longtemps brimée.

Le Gouvernement haïtien se prépare à investir plus de 20 milliards de gourdes dans un programme « d’apaisement social » avec les espérances, mais surtout les peurs que ce genre de dépenses publiques entraîne pour des raisons liées à nos sirènes corruptrices.

 

Faire campagne pour le respect des deniers publics, ériger certaines personnalités comme Mandela, Mujica et d’autres peuvent contribuer à un plus grand respect des fonctions républicaines. Il n’y a mieux que l’exemple.

Le 16 avril dernier, en écho à ce besoin urgent, le centre culturel « Anba zanmann » organisait une causerie-débat autour de l’importance de l’éthique dans l’engagement citoyen. Un appel pour un retour à des valeurs fondatrices d’une humanité solidaire.

Pepe Mujica, Mandela et Haïti voilà un trait d’union qui dans l’imaginaire d’un cinéaste fouineur pourrait aider à réinventer nos rapports à la chose publique dans un pays où le brassage devient la norme, où l’individu honnête est considéré comme un imbécile heureux, une sensibilisation à l’éthique en politique devient un impératif catégorique.

 

Roody Edmé

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