Comment peuvent se sentir ceux qui depuis des années ont distribué des armes aux jeunes chômeurs dans les quartiers défavorisés ? Parmi les responsables, il y a ceux qui ont mal lu et mal digéré les écrits de Marx, de Lénine, de Mao et j’en passe. D’autres ne les ont même pas lus, mais se sont mis à écouter ceux qui en fait n’ont rien compris à ces écrits et qui carburaient à la haine et la frustration dans un pur délire sétoupamiste. Certains sont arrivés au pouvoir avec l’instinct de l’éternité de la jouissance. Les privilèges, on veut en jouir à vie même si on feint de pourfendre les tenants du pouvoir duvaliéristes. La plus absurde dans cette histoire ce sont tous ces parlementaires, pour une grande partie, qui sont responsables de la circulation des armes à feu, souvent de grand calibre, sur tout le territoire national. De hauts fonctionnaires dans certains ministères ont participé aussi dans ce crime contre la nation. Pire, tous, ils se sont servis du Trésor public pour se procurer ces armes. Cet argent, ils n’ont pas travaillé pour l’obtenir. Les trafiquants d’armes locaux se sont frotté les mains, car ces petits cancres qui voulaient ces armes n’avaient aucune idée de ce que cela implique comme préparation et dépense. Les prix ont donc doublé. Triplé. Beaucoup se sont enrichis. Tout cela sur le dos du peuple haïtien qui se retrouve maintenant assiégé partout par des bandes de malfrats, pillant, violant, tuant.
On paie aussi la démission complète de tous les secteurs de la vie nationale qui se sont mis aux ordres, comme fascinés, des bandits légaux paradant dans toutes les émissions de radios et de télévision, sur les réseaux, invités partout parce que leur compte en banque trop bien garni leur donnait une respectabilité. Ils ont été même les parrains de classes finissantes dans des universités. Ils ont été reçus dans des salons dans ces cercles où l’on devrait écouter que des citoyens modèles.
La presse a totalement raté le coche comme on dit. Aucun journaliste ne s’était jamais posé la question sur la provenance des armes de guerre que détenaient les parlementaires par exemple. La Constitution est pourtant claire. Seules la PNH et les Forces armées d’Haïti ont le droit de détenir de telles armes. Jamais les responsables de la PNH ne se sont opposés à la prolifération des armes à partir du Parlement et de certaines institutions étatiques. La raison est évidemment simple : la prise en otage de la PNH par le politique. Ne parlons pas de l’appareil judiciaire avec des juges et des avocats uniquement à l’affut d’affaires menant à un enrichissement rapide.
Aujourd’hui, nous sommes dos au mur. La population est livrée à elle-même. Nos policiers, des jeunes pour la plupart, ont compris qu’ils sont des cibles faciles pour les bandits trop souvent aux ordres des politiciens. Trop de policiers sont tombés dans des conditions inacceptables. Dans la population, l’hécatombe continue. Mais peu à peu se constitue ce que les responsables de cette folie n’avaient pas peut-être prévu. Une alliance entre la population et une Police a été vue auparavant comme le bras armé d’un gouvernement toujours antinational. Ce qui s’est passé à Debussy est peut-être un tournant. Les secteurs encore sains de la nation, en terre haïtienne et en diaspora, doivent s’unir, constituer un faisceau pour faire face à la terreur. Ce n’est plus une question de choix. C’est une question de survie.
Gary Victor