La menace permanente

Douze ans se sont écoulés depuis qu’Haïti n’a plus de palais présidentiel. Comme le citoyen lambda qui a perdu sa maison, les autorités ont développé, après le séisme de 2010, une débrouillardise inhérente à tout moment de crise. Une décennie n’aura pas suffi à amorcer le nouveau départ alors que les alertes sur une nouvelle catastrophe ne cessent de retentir. L’État semble s’être effondré en même temps que son emblème.

 

 

« 12 janvier » n’indique pas qu’une date. C’est une expression qui charrie les souvenirs de maisons effondrés, de visages éplorés et des cadavres éparpillés. Ces images apocalyptiques ne laissaient pas croire à un lendemain. Les citoyens, comptant sur l’État et l’aide humanitaire, se sont accommodés en attendant que le ciel s’éclaircisse. Longue et vaine attente !

 

Les efforts individuels, associatifs et communautaires ont permis tant bien que mal de dégager des horizons. Par contre, les pouvoirs publics sont encore à genoux. Certes, l’atmosphère de deuil est en train de disparaitre. Mais ce ne sont pas les cérémonies d’hommage aux victimes et les déclarations de bonne intention qui rendront le pays résilient. La direction de la protection civile et le bureau des mines, instances incontournables dans la prévention de dégâts en cas de séisme, sont toujours à court de moyens.

 

Malgré les annonces et les promesses répétées, les bondieuseries et les comportements irrationnels éclipsent les rares tentatives de vulgarisation scientifique autour des désastres naturels. Les constructions anarchiques pullulent dans des lits de rivières et sur des flancs de montagnes sans le moindre contrôle des autorités concernées. Même des bâtiments gravement fissurés au centre commercial de Port-au-Prince, n’ayant pas été abattus, continuent de représenter une menace pour la sécurité publique. Bref, les conditions qui ont provoqué les graves dégâts n’ont pas changé. Et le pays est devenu plus vulnérable qu’il ne l’était avant 2010 parce que l’État est en ruines.

 

Le scénario serait aussi chaotique qu’en 2010 si la terre tremblait à nouveau dans l’immédiat. Les experts en géologie et sismologie ne se lassent pas de prêcher dans le désert en appelant les communautés à se préparer. Les recommandations concernant la sensibilisation et les réaménagements nécessaires dans la région du Grand Nord menacée par un séisme de forte magnitude sont restées lettre morte.

 

La Rédaction

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