Anatomie de la terreur

Les affrontements entre gangs et policiers ont eu lieu la semaine dernière à Carrefour avec une rare intensité. Rien ne dit qu'une nouvelle éruption de la violence ne se produira dans les jours qui suivent. L'encerclement systématique de la ville planifié délibérément par les groupes terroristes a pour but  d'asphyxier une capitale rendue invivable depuis plus de deux ans.

 

Compétiteurs rivalisant dans la terreur, ces bandes armées savent se mouvoir pour desserrer l'étreinte policière dans une infernale coordination. L'arme fatale de ces entreprises du crime est la peur qu'elles tentent d'imposer à la population. Régulièrement des voitures aux vitres sombres tirent aveuglément sur des gens rassemblés paisiblement au coin d'un carrefour. Ces équipées meurtrières participent de cette violence banalisée destinée à installer un voile de mort sur la ville.

 

Mais les Haïtiens continuent de résister et la fronde souvent extrême de ces derniers jours a secoué le joug honni des hors-la-loi. Carrefour a eu aussi ses heures farouches de résistance. Un confrère rapporte que la population est descendue défendre le commissariat Oméga aux côtés des policiers.

 

Le peuple ne cesse de montrer sa détermination et d'exprimer clairement son rejet du terrorisme dans toutes ses formes. Comme l'affirme l'historien français Pierre Rosenvallon cité dans l'ouvrage Le rendez-vous manqué des peuples de Pierre Blanc et Jean Paul Chagnollaud paru aux éditions Autrement: « Il y a des moments et des lieux où le peuple au singulier et en force est présent avec évidence...au Caire, à Hong Kong, à Kiev, à Alger...la volonté générale faite chair...Mais comment inscrire dans la  durée ce peuple-évènement?  Le peuple évènement n'a pas engendré un peuple démocratique réel ». Ces questions se posent pour l'actuel mouvement qui défend nos rues, mais nous sommes si violentés par les marchands de morts que nous nous posons très peu de questions sur ce le devenir du bwa kale.

 

La balle est dans le camp des politiques et des quelques de la société civile qui s’enverront vers Kingston pour des négociations improbables. Nous ne pouvons que fantasmer sur de bienfaisantes concessions de part et d'autre de l'échiquier.

 

Roody Edmé

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