Notre Haïti

Les derniers évènements, qui sapent le moral des Haïtiens et assomment toute lueur d’espoir de résoudre la crise de la meilleure des manières, nous amènent nous questionner sur la place du bien commun en Haïti.  Question essentielle, par la force des choses, quand on doit composer avec tous ses irritants qui entravent le bien-être collectif en Haïti, au cours des dernières six dernières décennies au moins.



Défini comme l’idée d’un patrimoine partagé par les membres d’une communauté, le bien commun est ce concept qui devrait guider les choix et les voix de ceux et celles qui ont la responsabilité d’assurer la gouvernance de la cité.

De l’espace physique, il nous faut revoir la place du bien commun dans la Constitution haïtienne, en passant par les programmes de gouvernance et les politiques publiques mis en œuvre dans l’intérêt de la population dans sa globalité et dans ses conditions environnementales, économiques, éducatives, culturelles et politiques.

Dans la pensée sociale autour du bien commun, on retient : « À côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société ; le bien commun, c’est bien du « Nous tous », selon Benoît XVI. Le texte poursuit : «Le bien commun (…) n’est jamais l’addition des biens de chacun des membres, il est toujours le bien de l’unité harmonieuse, organique du tout social ».



Dans les traditions ancestrales, particulièrement liées au Vodou, on pourrait retenir la famille, la liberté et le respect de la vie, dans la liste des biens communs à prendre en compte en compte dans les relations dynamiques au niveau des lakou.



Donner une meilleure place à la notion du bien doit-être inscrit dans la liste des urgences vitales du contexte sociopolitique actuel en Haïti. Le pays ne peut pas continuer à engager de façon accélérée cette forme de destruction systématique de toutes les institutions sociales. La génération actuelle se doit d’interpeller les notables et les ayants droit, qui sont les seuls à pouvoir arrêter cette machine de déshumanisation.



Dans ce cocktail de crises aux conséquences des plus imprévisibles et irréparables, il nous faut prendre le temps d’établir une liste de biens communs à protéger et à préserver dans le pays. La société civile et les médias en particulier, les écoles et les universités devraient-elles également partager avec les enfants les informations relatives à l’utilité et l’importance de ces biens communs essentiels pour le bien-être collectif et le développement durable de notre pays.

Défendre la place du bien commun en Haïti, en temps de paix comme est temps de crise, est la meilleure façon pour les acteurs en face de trouver un terrain d’entente sur les limites à ne pas franchir même en pleine confrontation. Les institutions et les bâtiments publics, la famille, les femmes et les enfants, les personnes à mobilité réduite, les secteurs vitaux comme l’éducation, la santé, les symboles nationaux, les biens culturels, entre autres, figurent dans cette liste qu’on devrait afficher dans toutes les rues et dans les couloirs et les bureaux de nos chefs et de leurs adversaires.



Dans chaque famille, il nous faut enseigner par l’exemple aux parents et à leurs enfants, le sens et l’essence du bien commun. Dans l’ensemble de nos institutions privées et publiques, comme un devoir civique, et une responsabilité d’éthique et d’intelligence, nous devons apprendre à l’ensemble des membres du personnel à respecter et renforcer la culture du bien commun.



Dans les salles de classe depuis le niveau fondamental pour aboutir aux universités, comme dans les rues et le transport en commun, il manque terriblement en Haïti des affiches et des débats dans les médias et sur les réseaux sociaux autour de la notion du bien commun.



Il nous faut plus que jamais initier une nouvelle campagne de sensibilisation et de responsabilisation des Haïtiens pour une meilleure reconnaissance, et une appropriation de la notion du bien commun !

Dominique Domercant

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES