Bannir le mot « crise »

Le ridicule haïtien passe forcément par le fait que la plupart des acteurs politiques nous forcent à croire que la crise est à la fois un prétexte et une motivation pour faire n’importe quoi. Évidemment, cette passion de la crise n’est pas gratuite. Elle ruine des espoirs autant qu’elle gonfle les ambitions de certains. Dans tous les cas de figure, cette crise n’altère en rien le destin inquiétant et mortifère du pays. Plus les jours passent, plus on scrute la crise de toutes les manières qui soit, plus les débats s’intensifient, on se rend compte que nous tournons en rond ou que des esprits malins sont en train de tourner le peuple haïtien en bourrique.

 

La crise, en effet, génère des intentions, quelquefois des accords et toujours des désaccords. Les dernières semaines sont riches d’enseignement au point que plus d’un pense qu’il faut sortir de cette obsession. Le mot crise est celui qui est le plus répété dans toutes les interventions publiques. Tout porte à croire que la classe politique ne peut se développer qu’en période de crise.

 

À la Rédaction du journal, nous croyons que la crise conforte certains groupes d’Haïtiens ou d’étrangers même quand ils ont compris que cette crise rend malade. La population, les entreprises en paient les conséquences économiques et sociales. Pourtant, l’inquiétude est croissante pour des institutions et des secteurs du pays. L’Appel urgent des évêques catholiques d’Haïti aux acteurs politiques du moment, en date du 2 février 2002,  en dit long.

 

« Face à la situation dramatique dans laquelle est plongé notre cher pays, nous, les Évêques catholiques d’Haïti, adressons une fois de plus un appel urgent à tous les protagonistes qui sont sur la scène sociopolitique pour qu’ils trouvent ensemble un consensus le plus large possible pouvant conduire à une sortie définitive de la crise, en vue de la reconquête de notre souveraineté et du relèvement d’Haïti.

 

Nous invitons et encourageons tous les secteurs et tous les acteurs sociaux, économiques et politiques de la vie nationale à renoncer résolument à leurs privilèges afin de sauver le bien commun et préserver l’intégrité de la Patrie en danger. Nous les exhortons instamment à travailler ensemble, en synergie, en vue de construire un avenir solide et radieux pour Haïti et ses filles et fils. »

 

Espérons, de tout cœur, que l’appel sera entendu. Il devient de plus en plus évident, pour le bien de tous les Haïtiens, de bannir le mot crise dans les discours politiques. Et, dans le dictionnaire pendant qu’il est encore temps.

 

La Rédaction

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