Dans les deux choix qui s’imposent entre partir ou rester, il y a l’obligation pour toutes les filles et tous les fils de cette terre d’investir ou de s’investir dans une nouvelle forme de résistance hybride. Comment déguster les différentes formes de résistances possibles pour la survie de l’Haïtien dans ce nouvel ordre mondial génocidaire ?
Déplacement massif à tout prix, et sur tous les fronts, celles et ceux qui laissent la terre natale ne connaîtront certainement pas la vie en rose. Pause provisoire, risque de revenir à la case de départ, il y a une forme de résistance culturelle, identitaire et/ou émotionnelle qu’il faudra à tout prix repenser, comme un passage obligé pour mieux s'intégrer et s’adapter.
Dans le sort des familles qui restent ou resteront encore plus longtemps dans les villes et régions dont les frontières se confondent avec celles des groupes armés, la résistance face à la survie est certainement le seul choix qui restera à ces dernières.
Dans tous les cas, l’on retiendra que les différents modèles de résistance qui s'offrent aux Haïtiens devraient pouvoir aider ces derniers à prendre conscience de la nécessité de repenser le présent et de l’obligation de remettre certaines connaissances dysfonctionnelles (logiques, pratiques, réflexes) et des valeurs déroutées (religieuses, philosophiques, relationnelles) en question.
Dans cette forme d'obligation de résister, il faudra certainement prioriser les liens qui définissent les engagements intergénérationnels, autant que les principes existentiels qui empêcheront le plus grand nombre des Haïtiens de croire dans une forme de fatalité, géographique, civilisationnelle ou même mystique.
Dans l’obligation de survie qui doit animer l’esprit de tous les Haïtiens encore conscients des vraies causes de nos malheurs et de la responsabilité partagée entre les acteurs d’ici et d’ailleurs, il faudra commencer par le mea culpa et les excuses à présenter envers les ancêtres et les générations futures qui manquent dans certains à l’appel.
Dans la capitale d'Haïti comme dans les différents autres départements, villes ou régions, il y a une obligation de rappeler à qui veut l’entendre que Port-au-Prince ne définit pas d’une part tout le territoire haïtien, et d’autre part, l’obligation d’encourager une nouvelle forme d’intelligence spatiale et temporelle chez les jeunes, dans la grande majorité des cas, qui ne savent pas que le territoire d'Haïti est vierge et vide d’installation humaine et d’infrastructure économique.
Devant chaque situation chaotique, critique, catastrophique, chimérique ou dramatique que le temps imposera aux Haïtiens et leurs familles, il faudra inscrire l’obligation de la raison et la logique du questionnement dans les moindres réflexions intimes ou lors des débats animés par des groupes qui ne partagent pas forcement les mêmes intérêts et valeurs.
Dominique Domerçant