Non à la destruction!

0
1133

La guerre des gangs qui fait rage aux deux portails de la ville enveloppe progressivement de son lourd linceul tout le bord de mer. Des milliers de gens sont aujourd’hui réfugiés dans leur propre pays. Une situation humanitaire, presque semblable, à celle que nous avons connue lors du séisme de 2010 est en train de se développer sous le regard impuissant des autorités. La société civile hagarde constate avec amertume, les sanglantes manifestations de la faillite des institutions.

 

Les forces de police sous-équipées et trop longtemps fragilisées par des luttes intestines sont écrasées par la puissance de feu des bandes armées qui ceinturent la capitale. Ce weekend la situation a évolué de manière dramatique. D’importants centres d’achats du bas de la ville ont été vandalisés par des hommes armés. Ces grossistes alimentent le plus souvent un vaste réseau de marchands et sont considérés comme les greniers de la cité.

 

De plus, des usines de la zone de Carrefour ne peuvent accueillir leurs ouvriers en raison de la haute dangerosité de la route de Martissant. Les fourgons blindés devant transporter la paye des ouvriers ne s’y risquent pas non plus, déclenchant des grèves en cascades de ces laborieux travailleurs qui réclament avec insistance ce qui leur est dû. Certains patrons aux abois envisagent des mises à pied dites de force majeure.

 

L’arrogance des puissants fauteurs de guerre met le gouvernement face à de lourdes responsabilités. Il a en principe pour mission de garantir la paix et de permettre en toute sécurité le retour des réfugiés dans leurs foyers. Il se doit aussi de favoriser le climat des affaires dans un environnement sûr et stable. Toutefois, la situation continue de se détériorer et des maisons privées sont livrées désormais à la furie de ces « cavaliers de l’apocalypse ». Ces derniers sortis tout droit de l’imagination maléfique de brasseurs de l’ombre,  pour qui les affaires criminelles et les spéculations douteuses doivent primer sur l’économie réelle, sont devenus les vrais maîtres d’une république plongée dans la misère et l’anarchie.

Une situation scabreuse qui ne peut qu’augmenter le flux des déplacés et déstabiliser toute la région. Toute la communauté internationale contemple son échec retentissant dans un pays où rien ne va plus, et dans lequel les nationaux paraissent incapables de se projeter dans l’avenir et écrivent en lettres de sang le roman national de l’autodestruction.

Les partis politiques, les forces organisées de la société (les syndicats,  mouvements de femmes, les organisations paysannes, les églises, le monde des affaires), les intellectuels partisans du progrès doivent se dresser face au  Léviathan qui menace de tous nous engloutir.

Roody Edme

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES