Pour une police républicaine

Les jeudi 17 et vendredi 18 février dernier, se sont déroulés deux jours d’atelier autour du financement de la PNH avec la participation des services techniques des Nations unies. Il est impératif face aux défis de l’heure de repenser les missions de nos forces de sécurité à la lumière de l’État de droit. Les actuels défis sécuritaires nous obligent à considérer leur redéploiement systématique sur l’ensemble du territoire et surtout que la « professionnalisation » ne soit plus un vain mot prononcé au hasard de colloques internationaux ou dans des discours creux aux promesses aussi faciles que fallacieuses.

 

Trop longtemps, cette force a souffert des manipulations politiques qui l’ont récemment fait imploser. Certains dirigeants politiques ou brasseurs d’affaires aiment s’entourerd’hommes armés. Contrôler une institution comme la Police, c’est mettre la force de soncôté dans le maintien du statu quo et dans tout rapport de force avec d’éventuels compétiteurs.

 

Certains requins de la finance ou de la politique ont trouvé leur « bonheur » dans le financement des gangs. Une situation qui place notre pays dans un cercle périlleux où kidnappings et assassinats en dessinent le pourtour. Les récents enlèvements par des hommes armés habillés en policiers ont augmenté le climat de peur sur la ville !

 

Quand savoir en effet, que l’on soit contrôlé par les forces légales ou une pègre masquée ? La Police nationale doit être renforcée sur le plan quantitatif, mais aussi qualitatif. Ses défaites récurrentes à Martissant et à Village de Dieu, les appels pathétiques de policiers réclamant désespérément des renforts sur les réseaux sociaux lors d’opérations mal planifiées font un mal fou au moral des citoyens.

 

Un des maux, et pas des moindres, qui ronge cette structure essentielle de sécurité est la fascination qu’exercent sur certains policiers les « caciques » du grand banditisme. Aussi n’est-il pas rare d’entendre dans les médias que telle « base » dispose de « ses policiers » devenus des « assassins de l’ordre ».

 Ces déplorables dévoiements ne doivent pas toutefois occulter les efforts inlassables de nos policiers combattant le banditisme sur plusieurs fronts. Ils interviennent avec courage et détermination sur des théâtres d’opérations extrêmement dangereux en Plaine du Cul-de-Sac ou de manière sporadique au bas de la ville, mais plus le temps passe, plus la catastrophe sécuritaire prend des proportions « bibliques ».

 

L’impuissance de la Police est d’autant plus grande que le phénomène du banditisme se répand comme une trainée de poudre dans nos quartiers. Et l’institution policière se retrouve à se battre un peu partout dans le grand Port-au-Prince. Nullement préparée à une situation aussi exceptionnelle, elle est le plus souventprise dans les rets d’une violence dont elle n’a ni les moyens, ni les capacités techniques à combattre.

 

La PNH doit être protégée des convoitises des pêcheurs en eau trouble, mieux formée et mieux équipée. Toutefois, la gestion des ressources humaines et matérielles est fondamentale pour éviter que de nouveaux équipements destinés aux forces de l’ordre n’aillent renforcer les entreprises du crime.

 

Pour cela, la nation se doit d’être vigilante et la communauté internationale plus respectueuse de ses promesses, devenues au fil du temps des effets d’annonce, alors que le « mal » progresse et ravage le corps social.

 

La professionnalisation de la police suppose aussi bien la protection effective des vies et des biens que celle de la liberté de manifester sans violence sur la voie publique. Certaines de nos manifestations ont tendance soit à dégénérer très vite en rixes violentes soit à conduire à des emplois excessifs de la force de la part de policiers vite dépassés.

 

Dans un pays où les frustrations sont énormes, et les institutions,   le plus souvent, en panne ou hors d’atteinte, la population n’a que la rue pour exprimer son ras-le-bol. Former des policiers à même d’encadrer les foules dans le respect des droits de chacun est un véritable défi.

 

Roody Edmé

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