Choc et stupeur !

L’insécurité quotidienne qui accable les Haïtiens écrase de son poids d’angoisse le reste de l’actualité. Les missions de nos officiels à l’étranger laissent la population indifférente. Les grandes manœuvres pour monter un Conseil électoral sont reléguées au second plan dans les préoccupations du citoyen lambda. Les visites d’officiels étrangers sont aussi loin d’insuffler de l’espoir laissent croire que quelque chose va bientôt changer dans la vie de tous les jours des Haïtiens.

 

Il se trouve que notre pays n’est pas l’Ukraine. Rien n’étonne plus nos partenaires étrangers quant à notre destin d’État paria. On s’est habitué dans le monde aux statistiques dramatiques de certains pays coutumiers des catastrophes humanitaires et politiques. Tout se passe comme si la misère était devenue notre seconde peau. Il n’y a que le président dominicain Luis Abinader qui crie de temps en temps au « loup ». Aux prises avec leur propre insécurité, nos voisins s’inquiètent que l’ anarchie qui dévore la société haïtienne ne gagne leur territoire.

 

Si notre situation ne menace pas directement la sécurité du monde, elle le fait indirectement. Le développement du banditisme à une telle échelle dans un pays précaire peut transformer Haïti en une plaque tournante du terrorisme international puisque presque rien n’est sous contrôle.

 

 Impuissante la Police nationale est devenue une grande muette. De temps en temps de courageuses unités tentent des opérations qui permettent quelques rares succès. Mais le mal a tellement empiré que les «  forces du mal » s’enhardissent et défient, à chaque heure du jour et de la nuit, une police rongée par ses propres contradictions.

 

Tant et si bien on ne sait plus à quel uniforme se fier. Car les enlèvements sous couvert d’opération policière se multiplient à un rythme insoutenable.  Le haut commandement a fait sortir un communiqué mettant en garde la population. C’est lui qui en principe devrait nous aider à distinguer « le bon grain de l’ivraie ». Toutefois, «  les mauvaises herbes » sont tellement foisonnantes que trouver le vrai policier est comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Et comme les bandits ont toujours en termes tactiques, une longueur d’avance, ils se saisissent des voitures de police à partir desquelles ils pourront opérer, rendant ainsi caduque le communiqué officiel de la Police concernant les voitures de police devant rassurer la population.

 

Aussi la situation est doublement dangereuse et psychologiquement troublante. On se demande s’il faut s’arrêter à  un point fixe pour se faire contrôler en toute sécurité, ou prendre la poudre d’escampette au risque d’être victime de dommages collatéraux ?  On entend des gens dire de nos jours : « Je n’aurais pas aimé tomber sur une patrouille… ».

 

Cette situation ne peut plus durer et le leadership des forces de défense haïtienne doit de manière vigoureuse mettre fin à ce grand désordre sécuritaire. Un dernier rapport de L’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (OCID) observe que les interventions publiques en matière de lutte contre l’insécurité se limitent à des actions sporadiques. L’organisation constate que pour la période allant du 15 septembre au 15 décembre 2021, la Police nationale d’Haïti était absente dans 62 % des 357 incidents enregistrés dans les dix départements. Des statistiques plutôt accablantes pour les forces de sécurité d’un territoire livré à elle-même.

 

Cette situation qui malmène une économie déjà exsangue, une population fortement traumatisée par des soubresauts politiques stériles, doit impérativement cesser.

 

Certains éléments du monde des affaires au lieu de consacrer des budgets faramineux pour payer pour leur sécurité à des bandes armées hors contrôle, ou pour des rançons qui vont servir à aguerrir les semeurs de trouble, pourraient, avec l’État, envisager un fonds de soutien à la PNH.

 

Le Groupe de la société civile qui travaille sur l’insécurité doit aussi prendre le leadership de cette bataille patriotique pour la survie de notre nation.

 

Le pire est à craindre ou le meilleur à venir, cela dépendra des actions concrètes qui seront entreprises dans les prochains jours. Le temps nous fait défaut !

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