Le démantèlement de la structure sécuritaire du pays n’avait finalement rien à voir avec la démocratie. Si pour nos traditionnels amis étrangers, il s’agissait d’en finir avec ces nègres qui se gaussaient d’avoir créé la première république noire, pour nos dirigeants et toute la nuée de citoyens glauques qui se battent continuellement pour accéder au rang de chef, il était important, vital de détruire toute institution, tout espace qui pouvait tenir en respect leurs instincts de rapine. L’armée d’Haïti a fait les frais de cette stratégie ignominieuse. On a combattu avec une férocité particulière toute tentative de créer un vrai service d’intelligence nationale, préférant de petites officines de renseignement bidon dans certaines ministères, officines prétextes à des détournements continuels de fonds aux profits de nos apparatchiks. Si on parle d’oligarques, il faut aussi parler des apparatchiks, ceux qui détiennent toujours le vrai pouvoir, celui aussi de créer le chaos, de l’entretenir pour s’enrichir, de faire semblant de le combattre pour aussi s’enrichir.
Il n’est pas du tout certain que la présence des policiers ou militaires étrangers mènent à quelque chose vu les acteurs nationaux incrustés sur le terrain et leurs commanditaires étrangers. Si plein d’agents de la Police nationale veulent en découdre avec les bandits et ils ont démontré plusieurs fois qu’ils pouvaient le faire, il faudrait qu’il y ait la volonté politique que la Police nationale remplisse la fonction qui est la sienne. Mais, le personnel politique en place n’a manifestement ni la volonté et surtout pas la compétence requise pour prendre le taureau par les cornes. Le plus grave, c’est que ce personnel fait montre d’une vision étriquée, faussée, glauque de la notion de territoire national qui se réduirait à certaines enclaves de la zone métropolitaine où traditionnellement les « bèl moun » résident. Martissan, Mariani, Gressier, Carrefour-Feuille, Fort-Nationale ne seraient à la limite pour eux que des ghettos peuplés de sous-hommes qu’on peut laisser à la merci des terroristes. Il faut dire que dans nos aberrations entretenues, on oublie bien vite chez nous nos origines.
Seul un gouvernement souverain, disposant des compétences et des ressources nécessaires peut s’attaquer à la question sécuritaire. L’étranger a financé en sous mains le terrorisme en Afrique et dans d’autres régions du monde et on a peine à croire que la force des gangs dans la région métropolitaine, les difficultés de la Police nationale à les éradiquer alors qu’elle en a les possibilités, ne sont pas dues à l’appui criminel de secteurs de pouvoir tant nationaux qu’étrangers.
Gary Victor