Moto-ville

Des études ont démontré le rôle joué par les motos chinoises dans l’extension des villes africaines. On peut facilement comprendre comment les motos contribuent aussi chez nous à la prolifération urbaine. La ville peut maintenant s’étendre le plus loin possible des centres sans que cela ne gêne ses habitants qui peuvent, à l’aide de la moto, se déplacer d’un point à un autre à moindres frais. Même en l’absence de tout plan de transport en commun, sur lequel devrait se pencher tout gouvernement qui se respecte, la moto s’inscrit dans le paysage en délimitant sauvagement des circuits.

 

 À Port-au-Prince, les stations de motocyclettes sont partout. Le nombre d’unités de ces engins ne fait qu’augmenter avec à la fois l’extension des quartiers que ce soit au sud, au nord, à l’ouest et à l’est, et aussi avec le mauvais état de nos routes, l’indiscipline de nos conducteurs, causant les embouteillages monstre que nous connaissons.

 

La prolifération des motos, si elle profite à des dizaines de milliers de citoyens qui peuvent les utiliser pour se déplacer d’un point à un autre, cause aussi énormément de problèmes dans un pays où la gouvernance est au minimum. Si ces engins sont immatriculés à la capitale et dans quelques villes, dans une grande partie du pays, ils circulent sans papiers. Même si à la capitale, la police effectue des contrôles permanents sur les motocyclistes, il reste que beaucoup de crimes, de mauvais coup sont commis à l’aide de ces engins. Notre pays n’est pas un cas particulier. La moto, par sa mobilité, a toujours été le véhicule préféré des malfrats partout sur la planète.

 

Il n’est pas rare de voir, en plus du chauffeur, trois et même quatre passagers sur une moto. Et parfois même un animal. Un sac de riz, de farine ou de ciment. Parfois des barres de fer. Les accidents sont nombreux. Dans les hôpitaux, le nombre de blessés, fracturés lors d’accidents impliquant des motos ne cesse d’augmenter. Aucune disposition n’est prise par les pouvoirs publics pour limiter les dégâts.

 

En République dominicaine, on a limité à deux le nombre de personnes que peut transporter une moto, chauffeur mis à part. Si cette limitation est observée dans les zones urbaines, dans les zones rurales où la présence de l’état est moindre, nos voisins n’arrivent pas encore à faire respecter cette disposition.

 

Nos routes deviennent de plus en plus dangereuses. Nos motocyclistes — comment sont-ils formés ? — se prennent pour des casse-cous, et se donnent tous les droits. Il semble que tout accident impliquant une moto et un autre type de véhicule devrait donner raison automatiquement au motocycliste.

 

La pollution et surtout le bruit sont les autres problèmes causés par la prolifération des motocyclettes. Le bruit, il semble qu’on s’y habitue chez nous. Un bruit permanent.

 

Une cacophonie qui ne s’arrête jamais de jour comme de nuit. Un bruit qui doit cacher un vide abyssal. Un bruit qui doit donner de la couleur au chaos. Le vertige de la non gouvernance!

 

La Rédaction

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES