C’est dans un communiqué de presse daté du 21 novembre 2024 que la Primature annonce que : « Le Premier ministre Alix Fils Aimé partage les préoccupations légitimes de la population ». Selon cette même note, suite aux évènements du 18 et du 19 novembre des mesures ont été prises par le Chef du Gouvernement pour le renforcement de la sécurité dans les principaux axes de la capitale. Toujours selon la note le Premier ministre « déterminé à garantir la libre circulation des biens et des gens, réaffirme sa volonté de débloquer toutes les voies routières. »
Cette note n’est pas signée par le Premier ministre. Dans un tel contexte, ce qu’il faut c’est un Premier ministre qui s’adresse directement à la population pour lui montrer sa solidarité et sa volonté. Cette note reste quelque chose de bureaucratique, comme un exercice obligé, relevant presque de la langue de bois des politiciens jouant cette comédie que nous connaissons déjà. Ce qui est curieux, la note ne parle pas des zones dites territoires perdus, contrôlées par les gangs. Seulement de « débloquer les voies routières. » Débloquer ne veut rien dire. On peut négocier avec les délinquants - ce qui entre délinquants est bien possible- que les gangs à coup de centaines de milliers de gourdes laissent passer les véhicules qui seront de toute manière rançonnés. S’il s’agissait d’une note sérieuse, d’un gouvernement décidé vraiment à agir, on parlerait de libérer les voies de communication. Il y a une grande différence entre débloquer et libérer.
À aucun moment de la note, il n’est cité ces zones : Solino, Martissant, Mariani, Gressier. Celui qui a rédigé la note fait l’exercice de parler du partenariat entre la Police, l’Armée et la population. Mais il n’arrive pas à insuffler le moindre souffle pouvant ramener un peu d’espoir à défaut de galvaniser la résistance. Car il s’agit bien de résistance. Résistance de la population contre les gangs soutenus par l’étranger et leurs commanditaires nationaux souvent au sein même de l’État.
La situation pendant ce temps est tendue. Les autres quartiers de Port-au-Prince, ceux de Delmas, de Canapé-Vert, de Turgeau, Pacot, Debussy, vivent en état d’alerte. Les citoyens savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur les agents de la PNH qui comprennent que leur sort est lié à celui de la population, car les assassins armés ne leur feront pas de cadeau. Nous sommes sur une barque à la dérive sans capitaine.
Le président Emmanuel Macron a traité les Haïtiens de cons. Il s’est empressé de se reprendre au Chili, mais la gaffe, la gifle au peuple haïtien est déjà donnée. Dans un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et des Cultes, le Chancelier haïtien a fait part à l’ambassadeur de la République française de « l’indignation du Pouvoir de Transition face à ce qu’il considère comme un geste inamical et inapproprié qui mérite d’être rectifié. »
On espère surtout que bien vite, après cette obligatoire protestation, le Pouvoir de Transition prouvera par ses décisions et ses actes que les propos du Président Emmanuel Macron étaient malhonnêtes.
Notre chemin de croix ne fait que continuer.
Gary Victor