Il y a une énergie inépuisable. Celle que dépensent nos politiciens dans les magouilles et querelles pour l’obtention ou la conservation d’un pouvoir qui détruit la nation. Déjà des cerveaux malades travaillent maintes stratégies pour que les prochaines élections soient contrôlées par eux. On recherche déjà ici et là-bas les appuis les plus glauques. On s’affronte avec une férocité sans pareille pour la même once de pouvoir.
Mais pendant ce temps, la gouvernance n’existe plus. Le quotidien est laissé à lui-même. L’état de la capitale le prouve. Les gangs contrôlent une partie de Port-au-Prince dans un état de délabrement sans précédent. La vie du citoyen chaque jour devient un parcours de combattant. Si on parle des gangs, on oublie ceux qui sans le cacher pensent et se comportent comme des délinquants sans avoir besoin de brandir les armes. Le consommateur est livré pieds et mains liées à tous ceux qui offrent un service essentiel que ce soit dans le domaine de la santé ou de l’éducation. Paie ou meurs ! Paie ou laisse ton enfant à la maison ! Paie ou reste dans la rue ! Paie ou brûle tes morts !
Brûler les morts ! Ce n’est pas dans nos coutumes, mais l’accès à plusieurs cimetières est devenu impossible à cause des gangs. Sinon il faut payer un chef ! Même pour un cimetière dit privé. Dans une telle situation, on signale des cas de plus en fréquents ou devant l’impossibilité d’inhumer, on procède à l’incinération rudimentaire du cadavre. Voici jusqu’où l’absence totale de gouvernance nous a menés. Et on n’a pas encore vu certainement le bout du tunnel.
Dans cette situation qui devrait susciter l’attention de tous ceux qui se disent intéressés à la chose publique, à plus forte raison ceux dont la mission est de gérer le quotidien des Haïtiens, aucun signal n’est donné pour montrer la moindre volonté de s’attaquer aux multiples problèmes auxquels nous faisons face. La République voisine nous fait voir toutes les misères. Nous devons réagir sans oublier que les premières mesures doivent être prises ici chez nous pour que nous cessions de nous enfoncer dans ce lamentable état qui est le nôtre. Nous nous comportons souvent comme si nous étions fiers de notre misère, comme si nous étions encore un pays normal ce qui est le signe d'une folie avancée.
Nos dirigeants ont continuellement oublié, méprisé ce pays et son peuple pour se soucier uniquement de leurs privilèges égoïstes, pour perpétuer un système qui dénie aux citoyens la possibilité d’une vie même avec le minimum. On ne peut plus continuer avec ces esprits dégénérés. Il faut changer la donne !
Gary Victor