La Police Nationale va-t-elle enfin se débarrasser de ses entraves pour parvenir à faire face aux gangs ?
En plusieurs fois, elle a fait des avancées significatives pour abandonner ensuite mystérieusement le terrain comme si elle avait reçu des ordres venus d’énigmatiques commanditaires.
Nos politiciens et l’élite économique, aux ordres d’une communauté internationale dont la population se méfie de plus en plus, n’ont jamais donné le signal clair qu’ils veulent mettre fin à cette situation chaotique. Pire, leurs liens avec les gangs ont souvent été dénoncés dans les médias. Les timides actions de la police, les quartiers quasiment livrés aux gangs, ont été compris comme la conséquence de l’implication directe des politiciens et d’une partie de l’élite économique dans la fabrication de la délinquance et son entretien dans un objectif qu’on peut deviner : pourrir le terrain, garroter la population pour organiser des élections frauduleuses, ou ne pas les organiser du tout, bâillonner les habitants dans les quartiers pauvres, le chaos étant un espace rêvé pour les bandits en costume cravate.
Les rumeurs circulent avec insistance sur des sommes proposées pour que de hauts fonctionnaires – directeurs généraux, par exemple - gardent leurs fonctions au sein de l’appareil d’État ou pour que certains citoyens y accèdent. Avec les accusations contre trois membres du CPT non encore traitées par la justice, on comprend que la confiance n’est pas au rendez-vous. Même si on connait l’étendue de la corruption, on est un peu dubitatif sur le montant des transactions supposées entre corrompus et corrupteurs. Si les montants dont on parle sont vrais, on est halluciné de se rendre compte comment la corruption est enracinée, car ce hold-up continuel ne peut perdurer qu’avec la participation active des donateurs étrangers eux-mêmes, des responsables de l’État au plus haut niveau et aussi de ceux qui détiennent les richesses de ce pays.
Des pays africains sont en train de prouver à la face du monde comment des puissances étrangères organisent, financent, arment un terrorisme dont la population en fait les frais. Des politiciens et des bourgeois mafieux en profitent.
Le Conseil présidentiel de transition est dos au mur. Il a trois épines au pied. Ensuite, rien ne peut être réalisé sans des avancées significatives dans la lutte contre les gangs qui ont l’appui des secteurs politiques mafieux, d’importants groupes de l’élite économique, de certaines officines étrangères et même au sein d’une certaine diaspora frustrée prêtant une oreille complaisante à des discours mystificateurs. Les avancées qui devront empêcher la chute de ce pouvoir à neuf têtes et lui donner une légitimité passent prioritairement par le rétablissement des voies de communication vers le Sud et le Nord et le retour de milliers de déplacés internes.
Il y en a pourtant dans ce chaos qui se battent pour un poste juteux au sein de l’État !
Un nid de fous !
Gary Victor