L'année 2024 a été terrible. Certes, chaque année apporte son lot de souffrances, mais en 2024, le pays a subi deux grandes offensives des gangs : l'une en mars, l'autre début novembre. Deux attaques d'une violence inouïe qui ont englouti des quartiers entiers sous les flammes. Des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans-abri. Des écoles et universités ont été littéralement rasées. Des hôpitaux, ciblés par des attaques à l'arme lourde, sont devenus complètement dysfonctionnels.
Un désastre d’une ampleur terrible menace de faire s’effondrer l’édifice, déjà vermoulu, d’un système étatique insignifiant. Dans cette obscurité profonde, une pâle lueur était apparue : la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition (CPT), certes bancal, mais porteur des espoirs de ceux qui souhaitaient, pour le bien du pays, qu’il nous conduise aux élections. Loin de la malédiction de l’échec, qui meurtrit si cruellement le corps social, et de cette étrange « santé » du malheur, omniprésente dans nos luttes de peuple en quête de justice.
Mais très vite, un scandale est venu éclabousser les autorités, déjà empêtrées dans un conflit interminable au sommet de l'État. Cette situation a offert une nouvelle opportunité aux groupes armés, qui n’en demandaient pas tant pour faire parler la poudre et surprendre les forces de l’ordre. Résultat des courses : deux quartiers historiques de la capitale, la ruelle Nazon et Solino, sont tombés, plus ou moins, sous le contrôle des bandits. Les bandes armées dévorent à pleines dents chaque parcelle d’espace urbain qui leur tombe sur la main.
Entre-temps, le président du CPT, Lesly Voltaire, a affirmé que l’année 2025 serait celle de la pacification. Mais il faudra bien plus que des discours pour rassurer un peuple aux abois. L’urgence d’agir avec une détermination accrue est capitale pour obtenir enfin des résultats concrets et visibles pour la population. Chaque jour d’inaction ou d’efforts stériles ne fait qu’élargir les portes du chaos. Ce combat pour la survie de notre nation n’admet plus aucun délai ni hésitation.
Le National, tout en espérant un mieux-être pour 2025, exprime sa solidarité envers toutes les victimes de cette année funeste et tient à saluer particulièrement celles et ceux, au sein des forces de sécurité, qui mènent le bon combat : celui d’un pays à normaliser.
Roody Edmé