Le gouvernement a désigné l'année 2025 comme celle de la «pacification», un objectif qui résonne profondément avec les attentes du peuple haïtien. De ce point de vue, on observe une certaine détermination, tant du côté du gouvernement que des forces de sécurité.
La Police nationale se trouve en première ligne de la "résistance", mais elle manque encore des moyens nécessaires pour s’implanter durablement dans les territoires reconquis. À Laboule comme à Nazon, les forces de sécurité restent sur la défensive, parvenant tant bien que mal à contrer les assauts persistants des gangs, qui n'ont accordé aucune trêve, même durant la période des fêtes.
Quoi qu’il en soit, un certain climat de confiance demeure indispensable pour relever l’ampleur des défis qui se profilent cette année. Pourtant, ce week-end, des rumeurs incontrôlées ont semé un vent de panique dans la cité. Le remplacement supposé du directeur général de la police aurait suscité un mécontentement au sein des rangs. Une situation chaotique qui pourrait faire le jeu des groupes armés.
Au sein des cercles du pouvoir, on oublie trop souvent que la lutte contre l'insécurité ne se résume pas à une simple question de logistique, mais repose également sur le moral des troupes. Ce n’est certainement pas le moment de jouer avec la motivation des unités spécialisées, engagées jour et nuit sur le front.
De surcroît, les intérêts politiques de certains continuent de compromettre la sécurité des citoyens et de saboter les projets de relance évoqués tant par le gouvernement que par l’opposition. Certains leaders politiques cherchent à renforcer leur capital en organisant périodiquement des manifestations à caractère "terrorisant", comme si le pays n’était pas déjà pris dans l’étau de la violence destructrice des gangs.
En 2025, le calendrier s’annonce assez chargé. Le groupe de recherche sur la Constitution a déjà remis son rapport aux responsables de la Conférence nationale. Les priorités retenues par les groupes politiques et les organisations de la société civile sont sans équivoque : sécurité et stabilité. Tout le reste en dépendra. Tout le reste en dépendra, car sans sécurité ni stabilité, aucun projet de développement, aucune réforme institutionnelle, ni aucune relance économique ne pourront voir le jour. Il incombe donc à nos responsables politiques, s’ils sont réellement animés de bonne volonté, de s’atteler sans délai à cette mission essentielle.
Roody Edmé