La visite de quelques heures du président Colombien à Jacmel a coûté une coquette somme au Trésor haïtien. Plusieurs centaines de milliers de dollars US.
Le président colombien voulait montrer son respect pour un pays, le nôtre du temps de sa splendeur, qui a aidé Simon Bolivar a libéré l’Amérique latine du joug espagnol. On devait bien le recevoir. Donner une image positive d’Haïti alors que nous nous trouvons dans une situation chaotique.
Mais cette dépense était-il nécessaire quand le président colombien est forcément au courant de notre état de délabrement ? On se souvient de certains parlementaires fin 90 qui avaient boycotté un projet de construction d’un parlement moderne sous prétexte qu’avec une telle construction «Blan t ap konprann nou pa bezwen kòb ankò». Contradiction incrustée dans une mentalité plus que particulière !
Au moment où il est prioritaire de donner le maximum de moyens possibles à nos forces de sécurité, cette somme dépensée pour la visite de quelques heures du Président colombien aurait-elle pu être mieux utilisée ?
Peut-être que le CPT prévoit des retombées bénéfiques de cette visite. C’est ce que nous espérons tous. Car, dans notre état de dénuement, sans pays vraiment ami décidé à nous venir en aide, chaque centime doit faire l’objet d’une grande réflexion avant d’être dépensé.
La visite du président colombien a suscité aussi des frustrations au sein de la population. Elle se rend compte que les politiques peuvent dépenser de grandes sommes d’argent pour des fastes éphémères alors que la réponse pour maints projets souvent d’importance est qu’il n’y a pas d’argent dans les budgets. Nos villes de province ne sont pas seulement traitées en parents pauvres. Elles sont tout simplement oubliées. On se souvient de leur existence lors d’une fête patronale qui permet à des élus et à d’autres autorités de se remplir les poches. En peu de temps, on s’est dépêché d’assainir Jacmel qu’on oubliera dans quelques semaines. Il y a bien sûr le carnaval national, mais on connait déjà ce cas de figure.
On va se souvenir de Fort-Liberté pour un Carnaval dit national. Port-au-Prince a été dépouillé de son carnaval depuis des années. Crucifiée par nos politiciens et par leurs suppôts bandits, on ne sait pas quand la capitale renaîtra de ses tonnes de détritus.
Gary Victor