Granmoun yo echwe !

On entend souvent ce slogan.

Qui se veut une condamnation sans appel de toute une génération qui a gouverné ce pays depuis des décennies.

Avec ce slogan, il y a aussi d’autres. Le pouvoir aux femmes ! Le pouvoir à la diaspora ! Le pouvoir aux jeunes ! Etc.

Il y a eu aussi le pouvoir au plus grand nombre ! Le pouvoir aux plus capables !

Le pouvoir aux Noirs ! Le pouvoir aux Mulâtres ! Le pouvoir aux classes moyennes !

Toujours des slogans qui passent à côté de la réalité !

Pour revenir à ce «granmoun yo echwe», on n’oubliera pas que les jeunes de tout temps ont reproché aux ainés d’avoir fait du pays ce modèle de pays failli. Mais ces mêmes jeunes une fois arrivés au pouvoir n’ont fait que prendre leur place à la même table pour ripailler encore pire que les ainés. Le roman Epaminondas Labasterre de Fréderic Marcelin trace le portrait de ce citoyen qui est celui de nombreux jeunes professionnels qui gueulaient haut et fort hors du pouvoir, mais qui ont affiché par la suite, sans aucune honte, leur vénalité, leur délinquance à la face de la nation. Hommes ou femmes de l’intérieur ou de la diaspora, noirs, mulâtres, c’est toujours le même cas de figure.

On tourne en rond. On reproduit les mêmes choses, car nous avons tous en tête une conception nauséabonde du chef, de la pratique du pouvoir politique. Nous avons des relations malsaines avec cette terre qui est la nôtre. Nous avons des relations malsaines avec notre Histoire. Nos relations avec les autres sont pourries par la méfiance et le mépris. Bref, comme disait feu le Dr Legrand Bijoux, il faudrait un travail sur nos mentalités, un «reset» complet de l’homme haïtien qui ne peut être déclenché que par l’éducation. Encore qu’il faille trouver cette équipe gouvernementale qui se donne comme priorité de forger un nouvel haïtien, un nouveau citoyen, avec une mentalité apte à construire véritablement un pays.

Gary Victor

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

2 COMMENTAIRES