L’impérieuse nécessité d’un nouveau pacte social !

Les obsèques du président Jovenel Moïse ont eu lieu le vendredi 23 juillet sous haute tension. La violence à peine contenue, par une massive présence policière et de quelques individus déterminés à en découdre, aquand même abouti à la destruction d’au moins un magasin et une succursale de banque.

Le malaise est profond dans notre société, et pour l’heure la violence tant sémantique que physique traverse l’espace haïtien telle une irrépressible pulsion autodestructrice. C’est que,comme le commentait récemment la journaliste Nancy Roc : « Haïti connaît ces jours-ci un véritable séisme politique…et les ondes de choc entraîneront de plus grandes calamités…à moins que la société fasse de ce terrible défi une opportunité ». Pour cela, il faudra réapprendre le travail en équipe sans exclure les patriotes engagés ici et ailleurs, tant la tâche est immense.

Les veines d’Haïti sont encore et toujours ouvertes et le sang continue de couler à flot. Le départ forcé de l’ancien président pour l’au-delà ne met pas fin pour autant à une gouvernance longtemps en faillite.

Alors qu’une bonne partie de la population souhaite la rupture avec ce que l’économiste Fritz Jean a qualifié d’économie de rente, des groupes traditionnels se préparent à la reproduction des mêmes recettes stériles qui nous ont propulsés hors du monde moderne, dans lequel nous n’étions pas déjà les bienvenus pour des raisons historiques connues de tous.

Il n’empêchequ’il y a encore moyen d’inverser cette courbe dangereuse qui, de calamités politiques en désastres climatiques, risque de transformer notre pays en un « rocher » déserté par ses habitants.L’espérance est dans cette volonté affirmée des citoyens du pays de prendre en main leur destin. Mais le volontarisme et le courage seuls ne sont pas des vertus politiques. Il faut se mettre à organiser, à réfléchir sur les actions à mener pour que le cynisme des mandarins versés dans l’art obséquieux des politiques néfastes ne l’emporte comme tant de fois dans notre histoire en 46 et 86 sur le caractère candide et juvénile de nos luttes.

Les forums et rencontres organisés ici et en diaspora sont la preuve que le peuple revendicatif entend se faire comprendre du monde entier. Les États-Unis semblent avoir compris le message en affirmant désormais qu’il fallait compter avec la société civile. Le peuple haïtien est attentif à ce message, exigeant de la part de ce grand pays du respect et de la coopération efficiente.

C’est dommage que l’envoyé spécial du président Joe Biden,M. Foote, ait, pour une de ses principales missions, qu’à coordonner l’aide humanitaire. Il faudrait un vrai mini- plan « Marshall » de relance avec l’accord des Haïtiens pour sortir justement de l’assistanat permanent.

Quoiqu’il en soit, l’appui à la Police nationale et à la lutte contre la violence des bandes armées, si elle se concrétise,peut aider à créer un climat pour remettre le pays sur la carte des investissements locaux et étrangers et permettre la libre circulation des produits de la paysannerie sur nos routes nationales.

Pour le moment, nos villes ressemblent à des « repaires de pirates » où « les colts chantent leurs lois ».

Redresser l’économie haïtienne passe par un retour à des pratiques licites de gouvernance et la marginalisation des groupes politiques délinquants. Le marché de la contrebande et du kidnapping est d’une arrogante prospérité et tue dans l’œuf l’économie réelle.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’arrêter de mimer des rituels imposés en allant voter dans des urnes importées, sous « bonne escorte » des gangs.Nous voulons d’une République avec un pacte social juste et équitable.Une démocratie digne du courage et de la « résilience » de notre peuple.

Roody Edmé

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