La fracture

Le monde est en train de changer à un rythme infernal. La guerre fait rage en Ukraine et menace de s’étendre à d’autres parties de l’Europe. Une situation assez nouvelle pour les Européens depuis les dures batailles des années 90 dans les Balkans.

L’Europe se réveille brutalement de son sommeil stratégique et se retrouve dans un cauchemar bien réel. La guerre est à ses portes. Habituée des guerres ayant pour théâtre soit l’Afrique soit l’Extrême-Orient, elle a été prise de court.

Il est vrai que depuis quelques siècles, il n’y a pas un conflit qui ne doit sa genèse d’une manière ou d’une autre à  une intervention directe ou indirecte occidentale. L’Irak, l’Afghanistan, La Libye, ou pour remonter plus loin le Vietnam et la Corée.Partout sur la planète les batailles hégémoniques entretiennent le feu mortel de la guerre.

Dans les pays d’Afrique, les guerres ou les émeutes de la faim sont souvent provoquées par des décisions de centres financiers internationaux à Wall Street ou à la City de Londres qui spéculent sur le prix des hydrocarbures ou des céréales.

Les pays occidentaux ne sont pas les seuls fauteurs de guerre. Les Russes se sont aussi retrouvés sur des théâtres d’opérations,  en Indochine comme en Syrie, ou dans les Balkans en soutien aux forces pro-russes de Serbie de Milosevic le terrible, le bourreau de Srebrenica.

Aujourd’hui, la bataille pour l’Ukraine a bien lieu. En dehors des liens historiques réels entre la Russie et ce pays qui pourraient expliquer « l’opération militaire spéciale » décidée par Moscou ; il existe des raisons économiques. Ces deux pays sont de grands exportateurs de céréales et d’hydrocarbures.Des produits stratégiques qui ont redonné aux Russes une certaine influence sur les marchés mondiaux.

Vladimir Poutine n’est pas qu’un nostalgique de l’ancienne Union soviétique qu’il a servi en tant qu’agent du FSB, il se considère comme l’incarnation de la « revanche impériale » de la sainte Russie. Cette guerre va  au-delà des considérations purement idéologiques.

Il y a bien sûr le fait patent que l’Alliance occidentale a quelque peu provoqué l’ours jusque dans sa tanière, son étranger proche. Mais rien n’empêchait le maître du Kremlin de dissuader et de ne pas tirer. D’autant que les États-Unis affaiblis par leur retrait catastrophiqued’Afghanistan et obnubilés parleur obsession chinoise, ne se préoccupaient pas trop du front Est de l’Europe.

Mais c’est mal connaître le redoutable joueur d’échec qu’est Vladimir Poutine, encore populaire dans son pays et ailleurs dans le monde, parce que notre inconscient est fasciné par les hommes forts. Poutine a toujours travaillé son charisme. Son image de personnalité froide et calculatrice est même utilisée dans des vidéos de motivation sur Internet. Le personnage est présenté comme le modèle accompli de l’homme qui maîtrise ses émotions et domine ses adversaires.

L’ex-président américain Donald Trump a pour lui « les yeux de Chimène » et sans approuver inconditionnellement la guerre ne le condamne pas pour autant. Tous les partis extrêmes en Europe ont gardé une certaine sympathie pour ce chef de guerre puissant et controversé.

Quoi qu’il en soit, l’effet Poutine balaie la planète et le frisson de la guerre traverse une Europe de plus en plus frileuse et un monde qui ne sait comment éviter l’engrenage qui pourrait nous menacer tous.

Si les hommes peuvent facilement succomber à la folie de la guerre, la seule et mince espérance réside dans le fait  qu’ils n’iront pas jusqu’à la destruction mutuelle assurée. Tout au moins on l’espère.

 

Roody Edmé

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