Le refus de la fatalité

La Police nationale a mené ces derniers jours des opérations qui annoncent un léger changement dans la situation générale d’insécurité. Ceux qui gèrent la communication au niveau de la PNH ont beaucoup « tweeté » ces dernières heures  sur des tentatives avortées d’enlèvement grâce à la vigilance des patrouilles policières.

 

Les observateurs ont noté une  présence  assez considérable de la Police dans certaines rues de la capitale, surtout  d’agents récemment sortis de leur centre de formation. Il n’en fallait pas plus, pour que la population à l’affut de  la moindre attitude des autorités se metteà espérer des efforts plus soutenus d’une police souvent trop molle et impuissante face à l’audace cruelle des bandits armés.

 

Mais le ras- le- bol général menace de se déverser une fois de plus dans nos rues. Cette semaine semble annoncer le début d’une mobilisation générale contre une situation jusqu’ici intenable. Le gouvernement demande de l’aide qui arrive au compte-goutte, comme si le cas haïtien était classé dossier non prioritaire. Les officiels eux-mêmes, en dépit des promesses répétées, semblent ne pas avoir les moyens de leur politique. À moins qu’ils soient pris dans les filets maléfiques de puissants intérêts.

 

On ne comprend guère d’où le Premier ministre tire son assurance que bientôt de nombreux quartiers seront libérés de la gangrène criminelle.

 

Mais la population en a marre d’attendre « Godot »,  et ne veut pas non plus rester dans  la passivité suicidaire. C’est ainsi que  le Collectif du 4 décembre a lancé une marche contre l’insécurité pour ce mardi 29 mars, ramenant le 35e anniversaire  de la Constitution. Une mobilisation rejointe par de nombreux secteurs qui croient que ce fléau est le problème principal des Haïtiens. Et fait nouveau dans un paysoù  comme dit la chanson d’Emmeline Michel, «  la misère nous fait la peau », le kidnapping est devenu « l’ennemi public numéro un » devant toutes les autres manques et menaces dont souffre la population.

 

Dans ce contexte, la marche du 29 mars est un cri qui devra être écouté ici et ailleurs,comme  celui d’un peuple qu’on ruine et assassine.

Mais cette fois-ci, il faudra aller bien au-delà du cri, pour enfin, s’organiser et « faire nation », pour demander des comptes certes, mais exiger que le pays prenne une autre direction. Une pétition du secteur privé « proteste énergiquement contre la prise en otage de toute la population  par des organisations criminelles, et l’inaction voire la tolérance des autorités qui faillissent à leur obligation première d’assurer la sécurité  des citoyens ». Les pétitionnaires demandent que soit décrété l’Étatd’urgence, un contrôle strict des douanes pour mettre un frein au trafic illicite d’armes et de munitions, des équipements pour les forces de sécurité. À lire les signatures, elle va au-delà des chambres de commerce et de plus en plus de secteurs y adhèrent et c’est de bonne guerre.

 

Une chose, cependant, est de faire parvenir la pétition au chef de l’exécutif, une autre est d’en profiter, pour  s’organiser  autour  de ces revendications majeures. Il y va de  la survie même de la  nation.

 

RoodyEdmé

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