En colère comme un avion qui brûle

L’insécurité a progressé pendant les vingt dernières années, selon un schéma difficile à modéliser. Les hauts et les bas dans la performance des autorités ont amené des fluctuations assez troublantes. Les contextes politiques ont changé au fil des ans. Pourtant aucun acquis durable ne semble avoir été obtenu dans la foulée. Aujourd’hui, Haïti proteste contre des crimes que tous ses voisins ont déjà éradiqués ou du moins contrôlés.

Les marches parallèles contre l’insécurité tenues dans plusieurs villes du pays le mardi 29 mars 2022 témoignent d’un ras-le-bol général. La population, victime des pires atrocités ces dernières années, tient à faire valoir le droit à la vie. La colère pouvait se lire sur chaque visage. Les dégâts matériels causés sont injustifiables. Mais aucune perte n’est comparable à des vies fauchées.

Mettre le feu à un avion, comme l’on fait les protestataires qui ont fait irruption à l’aéroport Antoine Simon des Cayes, est jusqu’ici un fait plutôt rare dans le monde. Les images des flammes qui consumaientce petit aéronef auront été parmi les plus illustratives de la frustration populaire. Comment faire entendre raison à une population qui continue de subir toutes sortes de privations et de menaces ?

Le pauvre citoyen,fatigué de voir ses droits piétinés, donnelibre cours à ses pulsions naturelles. Sa vaillance est peut-être la seule chose qui lui reste après avoir été décapitalisé et réduit à vivre dans un climat de terreur.  Les suspicions de connivence entre les opérateurs du transport aérien et les gangs deMartissant sont, à ses yeux, beaucoup plus que des doutes légitimes. Car la dynamique des affaires a ses dessous, pas très catholiques, dit-on. Entre Haïtiens, on se comprend à demi-mot !

Brandir des pancartes dans les rues est une bonne chose, mais il faut plus que cela dans le contexte haïtien. Il ne s’agit pas d’un simple jeu d’échecs, mais plutôt d’une guerre à mener. En effet, la machine de l’insécurité est l’une des entreprises les plus lucratives de nos jours. Les marches contre le kidnapping et  les massacres ont été nombreuses au cours des dernières années. Les autorités semblent en faire peu de cas. Les institutions directement concernées par le problème ont failli à leur mission.

Pourquoi ne pas revenir à des initiatives citoyennes  qui ont donné des résultats par le passé ? Avec un leadership responsable et la participation de policiers de bonne volonté, un complot contre les gangs peut réussir. Lescomités de quartiers et les brigades citoyennes ont fait leurs preuves à une époque donnée. Une chose est sure : l’énergie qui se dégage dans ce mouvement de colère sera d’une aide plus efficace si on la met au service d’un plan élaboré. De toute façon,  les autorités sont occupées dans d’autres combines.

Kendi Zidor

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