Les orphelins de l'insécurité en Haïti

Des victimes jusqu’aux bourreaux, ils ont certainement des proches et des parents pour les conseiller, les assister, les trahir ou même les renier.  

Des individus comme des groupes ont été enlevés ces derniers temps. Dans les deux cas, la souffrance autant que la jouissance sont partagées au sein des communautés respectives de ces derniers.

Dans le camp des groupes armés, les rapports publiés, comme les opinions de certains spécialistes, en dehors des constats, laissent voir un travail d'équipe, une affaire de confiance, de groupe ou même de sang. Car, lors des cas d’enlèvement ou d’assassinat qui ont été filmés et partagés sur les réseaux sociaux, on assiste à une opération coordonnée par au moins trois personnes, sans compter les autres membres du groupe, qui opèrent en amont et en aval, avant, pendant et après.

Dans le camp des victimes, elles seront certainement nombreuses, les personnes qui seront touchées par ce drame de près ou de loin. En dehors des parents et des membres de la famille immédiate, comme les compagnes et les enfants, les amis, proches collaborateurs et collègues, c’est parfois tout un secteur, une corporation, une communauté ou toute une nation qui crie et subisse cette nouvelle crise.  

De manière institutionnelle, elles sont aussi nombreuses, les instances qui sont directement concernées par cette crise sociale et globale.

Des postes et des pistes pour responsabiliser plus d’un. Dommage ! Des risques éventuels de double emploi ou de confusion entre les fonctions, les missions et les interventions, quand les moyens font souvent défaut à certains maillons de la chaîne.

De façon rationnelle et sans préjugés, on pourrait même être en droit de dire que l’entreprise de l’insécurité sur Haïti est considérable.  Et ce n'est pas le nombre des victimes connues recensées sur le territoire haïtien au cours du premier trimestre de l'année en cours qui diront le contraire.  

Derrière ces groupes armés importants et  imposants,  et les parents et proches des victimes qui se regroupent pour mobiliser des fonds pour payer les rançons, qui dominent le sombre tableau haïtien et la face du monde, il existe aussi bien d’autres victimes fort souvent oubliées dans l’actualité locale et internationale.

Dans cette catégorie négligée sous le poids des traumatismes et du deuil, on peut citer: les pauvres hommes et femmes, qui n’ont pas eu la chance de trouver un proche à l’autre bout du fil pour négocier leur survie. Elles comme des orphelins, ces  personnes ne pouvant compter sur d’autres  pour réclamer ou négocier leur liberté.

Des hommes, des femmes, et parfois des enfants qui manqueront à l’appel,  que certaines de leurs familles préféreront les placer sur la liste des disparus et qui n’auront certainement pas droit à un dernier hommage parmi les vivants.

Des orphelins de l’insécurité en Haïti sont assez nombreux et présents dans la liste des victimes anonymes, non recensées par les autorités et par l'actualité. Rares sont les institutions qui les décomptent ou les dénombrent, en sachant qu’ils ne sont présents dans aucun registre mortuaire. Solitaires !  Perdus à dix pieds sous terre, sans jouir d’un coin tranquille dans l’un de nos cimetières publics, quand ils ne sont pas perdus dans les profondeurs de la mer. Et si on commençait par s’en souvenir de certains parmi eux, pour ne pas continuer à prolonger la liste ?

Dans quel discours officiel, on entendra citer leurs noms ! Pardon ! Certains de ces noms de martyrs, des victimes anonymes et des familles orphelines de l’insécurité en Haïti ? Et pour combien de temps ?

Dominique Domerçant

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES