Les normales anormalités

 

On aura beau accuser l’étranger de tous les maux, il reste une vérité purement historique que les sociétés les plus fortes, les mieux organisées, sont toujours amenées à dominer les plus faibles pour leur imposer leurs points de vue. Les considérations d’ordre moral resteront toujours des considérations d’ordre moral qui auront très peu d’influences sur les réalités.

 

Cependant, on a vu aussi des sociétés plus faibles militairement, scientifiquement et même économiquement qui ont pu résister à des colosses jusqu’à pouvoir renverser en leur faveur un rapport de force au départ défavorable. Mais ces sociétés dites faibles avaient un atout leur permettant de mener un combat sur le long terme contre des impérialistes toujours agressifs : une culture forte et des moyens permettant de renforcer une solidarité nationale jusqu’à la transformer en une redoutable force de frappe.

 

Notre problème est que notre société s’est habituée à tant d’anormalités qu’elle est devenue un ventre mou dans lequel n’importe quelle lame peut s’y enfoncer sans effort. Nous avons appris à invoquer de prétendus dieux sans lever les yeux vers les cieux. Si bien que la terre avec sa boue, ses instincts brutaux, est devenue notre lieu. En comme nous n’avons jamais pu regarder les cieux pour penser grand, nous n’avons jamais pu développer aucun respect pour cette terre. Cette terre, nous la maltraitons, même si nous persistons à la chanter, comme des incantations devant nous prémunir contre une juste et meurtrière colère de sa part.

 

Si nous devions lister les anormalités qui sont devenues des normes, nous n’en finirions pas. Certains brasseurs de chaos peuvent bien prétendre que ces anormalités sont des spécificités culturelles. Prenons, en exemple, une anormalité devenue une normalité : les marchés publics sur nos routes, même nationales.

Qui n’a pas été retardé de longues minutes à Pont Sondé, sur la Route de l’Amitié ou sur la Nationale numéro 2 ? Le réflexe rapide est de vilipender le « peuple » qui veut à tout prix rester au bord de la route pour vendre ses produits. L’État aurait construit plein de marchés publics boudés, ignorés, par la population. Mais quand on va au fond des choses, on se rend compte de la complexité du problème et surtout de l’inexistence d’un État qui ne s’est jamais préoccupé de l’aménagement du territoire et de l’amélioration des conditions de vie de la population.

 

Même des élections, qui généralement font couler tant d’encre dans le pays,ne sont que l’aboutissement d’innombrables anormalités. Cette insécurité galopante n'est autre que le fruit d'anormalités. Des anormalités qui nourrissent une obscurité. Une obscurité nécessaire pour faire des affaires en toute tranquillité contre la précarité et donc contre la nation et par tous les moyens.

 

La Redaction

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