A quand le réveil de la justice?

La soif de justice des communautés haïtiennes s’aiguise à la même vitesse que s’accélère la déchéance des institutions publiques. Des dossiers encombrants, des cas non résolus s’empilent. L’État de droit, promis par les uns et les autres, semble n’avoir été qu’un mirage. Le pays tout entier attend toujours de voir la femme aux yeux bandés se réveiller de son profond sommeil.

 

Les plus optimistes diront que les défis du système sont si nombreux que les progrès risquent de ne pas s’apercevoir du jour au lendemain. Mais, en réalité, que vaut une justice si elle ne peut inquiéter les méchants ? De l’assassinat de Jean Léopold Dominique à celui de Jovenel Moise en passant Me Dorval et massacre de La Saline les bourreaux gardent leur toute puissance. Et la communauté juridique ne peut se réjouir que de faibles victoires qui se perdent dans un océan des déceptions.

 

Deux décennies nous séparent du meurtre de Jean Dominique et les assassins ne se sentent pas inquiétés. Près de quatre ans depuis que des assaillants s’acharnent sur les modestes familles de La Saline, les autorités judiciaires n’ont toujours pas fait signe de vie. Les commissaires se suivent, les mandats de juges se renouvellent, mais la justice fait du surplace.

 

La lutte contre la détention préventive prolongée devient un prétexte pour s’agiter et donner l’impression qu’une réforme est en marche. Peu importe la bouche qui le dit, il est évident qu’ « un pays sans justice est une rivière sans eau ». Cette citation qui semble souvent servir à des discours politiciens est une vérité irréfutable. Quand se réveillera la femme aux yeux bandés, elle fera trembler les coupables de quelque camp que ce soit. Les dilapidateurs de fonds publics, les évadés fiscaux, les meurtriers et leurs patrons se trouveront de l’autre côté de la barrière.

 

La paralysie de la justice haïtienne, œuvre savamment exécutée par des hommes politiques qui se sont succédé au pouvoir ces dernières années, risque de précipiter la course du pays vers le règne de l’inacceptable.

Les juges et les avocats sont eux aussi impuissants face aux cris des victimes de la terreur. Ils sont incapables de rendre justice même à leurs confrères de la basoche tombés dans le cadre de l'insécurité généralisée qui sévit dans le pays depuis des lustres.

 

Si les citoyens qui ont encore le courage et la décence de le faire ne tapent pas du poing sur la table, l’image du pays ne va-t-elle pas se résumer aux gangs qui se font la guerre et les cochons qui dévorent la chair humaine ?

 

La Rédaction                                              

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