Haïti et la sombre saison des avions... !

Des accidents d’avion, on en compte des dizaines chaque année. Mais dans le ciel d'Haïti, les avions semblent vouloir ajouter le pays dans une nouvelle liste. Pour une fois, les lwa ou esprits dans le panthéon Vodou ne seront pas à l’origine de ces accidents d’avion.

Des causes. Il faudra atteindre les rapports d'évaluation de la boîte noire de l’appareil, si ces avions qui survolent le ciel d’Haïti, et transportaient des membres de la famille haïtienne en disposent au moins. Car après tout, nous sommes en Haïti malheureusement !

Débris sur le sol, des victimes en lambeaux, des marchandises et des provisions éparpillés, mais surtout une scène d’accident vulgairement filmée, enregistrée et diffusée, sans aucun respect tant pour les victimes et par mesure de prudence contre d'éventuelles explosions.

Dommage pour ces familles, dommage pour le pays, dommage surtout pour ces voyageurs vers le pays sans chapeau, qui viennent de s’ajouter dans la liste des victimes de trop. Quelles sont les statistiques sur les accidents d’avion en Haïti ? Quel a été l’impact de la situation météorologique dans l’accident d’avion du 20 avril 2022 ?  Quelles sont les considérations possibles pour les familles des victimes ?  Quelles sont les ressources spécialisées dont dispose la Police nationale haïtienne pour intervenir sur ces lieux d’accident en dehors de la capitale ? Quel protocole en matière de communication de crise dans l’aviation civile en Haïti ?

Déterminer la responsabilité des fautifs autant que des victimes de cet accident parait un exercice légitime, et même indispensable pour éviter de prolonger la liste des drames dans ce pays. Moins de quarante-huit heures après l’incendie avec des dégâts irréparables au Marché à Jacmel, cette commune, qui continue chaque année de célébrer son carnaval, même quand tout le reste du pays est en lambeaux, traverse sa sombre saison.

Il faut également déterminer la responsabilité de l’État dans ce drame, notamment des institutions régulatrices du trafic aérien et cette filière si exigeante du transport en commun, pardon, du transport aérien urbain. À qui la faute ?  Sans vouloir reprendre les complaintes d’Arly Larivière, il y a lieu de questionner ou de faire réviser le manuel de procédure du système de navigation aérienne internationale, dans ce cas précis, pour tenter de voir ou de comprendre si toutes les étapes prévues dans la planification, dans le plan de vol, et la prévention des accidents avaient étérespectées.  

Des avions pourquoi faire ? Certainement pour   voyager et transporter des marchandises. Dans le cas actuel en Haïti, ces avions représentent cette nouvelle industrie imposée par l'insécurité et par l'impossibilité pour les paisibles citoyens, les commerçants, les touristes, les professionnels et les familles, de circuler et de traverser les nouvelles frontières de Martissant.

De l’incendie de l’avion aux Cayes lors de la journée de protestation populaire du  mardi 29 mars, en passant par ce nouvel accident d'un avion le mercredi 20 avril, c’est une invitation qui est lancée aux autorités compétentes du pays, pour s’investir et investir dans la modernisation de ce secteur hautement sensible et stratégique.  

Des vols, des viols et des violences déshumanisantes, imposés par les groupes armés, obligent un bon nombre de ces nouvelles victimes à passer par les airs pour diminuer le stress. Si seulement, ils s'attendaient à ce qui les attendait au sol, avec ce dernier vol suicidaire ?

Dans le prochain musée de l’aviation en Haïti, l'année 2022 semble vouloir offrir de nouvelles carcasses d’avion, et des noms de nouvelles victimes de l’aviation, qui vont compléter la prochaine exposition qui sera organisée en hommage aux victimes de l’aviation entre le 1ernovembre (fête des Morts) et le 7 décembre, qui coïncide avec la Journée de l’aviation civile internationale. À quand une prise en charge visionnaire et responsable de ce sous-secteur important du transport aérien, pour pouvoir réduire la peur des passagers et limiter les pleurs au sein de la population ?

Dominique Domerçant

 

 

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