Les forgerons de l’absurde

En avant de la scène, le jeu redondant de personnages « élites », « primaires » et seuls maitres à bord, mus par l’énergie du brassage d’air, qui tournent en rond. Et, ces cadavres oubliés pour accessoires. Dans les coulisses, les souffleurs, les comptables des grands intérêts et les forgerons du pire travaillent leurs agendas et peaufinent leurs stratégies. Évidemment sans état d’âme, un petit effort obligatoire pour rester dans le cercle des champions. Dans l’espace d’immunité de ceux qui gagnent à tous les coups.

En avant de la scène, le jeu redondant de personnages « élites », « primaires » et seuls maitres à bord, mus par l’énergie du brassage d’air, qui tournent en rond. Et, ces cadavres oubliés pour accessoires.

Dans les coulisses, les souffleurs, les comptables des grands intérêts et les forgerons du pire travaillent leurs agendas et peaufinent leurs stratégies. Évidemment sans état d’âme, un petit effort obligatoire pour rester dans le cercle des champions. Dans l’espace d’immunité de ceux qui gagnent à tous les coups.

Ce n’est que naturellement que Le National insiste sur la nécessité que les acteurs, légitimes, brillants ou entre « guillemets », se rencontrent en avant de la scène, sous les projecteurs, pour mettre fin à cette crise qui mine la nation, sa tranquillité et ses affaires. Il n’y a guère à gratter pour mettre le doigt sur le mal de la République, sur les causes de grand malentendu. Comme c’est du cousu main, les points du fil sont logiquement apparents.

Le mal est douloureusement ressenti. Malgré les rapports, les prises de paroles contrites des responsables des structures de sécurité, le spectre de la peur ne s’est pas évanoui. Hier, un chef de gang, puissant par la force des choses, se réfère au concept de justice sociale pour justifier un kidnapping ; aujourd’hui, c’est une ancienne gloire de la sélection haïtienne de football, surement gênée dans sa démarche de reconversion, qui a été enlevée contre rançon. À régler évidemment en dollars américains. Preuve que la mafia défie non seulement la Police, mais aussi le ministère du Commerce qui met en danger la vie de son titulaire en voulant faire appliquer la décision de libeller les prix, de négocier et de faire des affaires en gourdes.

Blague mise à part, le roi dollar est l’un des grands paradoxes de l’économie haïtienne. Nul, même avec le pouvoir absolu des réseaux sociaux, ne peut expliquer, en des termes satisfaisants, les mécanismes de l’affaiblissement du dollar par rapport à notre chère gourde. Il s’agit d’un halo de mystères qui porte à croire que, dans le dos du peuple consommateur, des spéculateurs manipulent, à leur guise, le marché financier haïtien. Pourtant, la récession est endémique en Haïti et la désintégration totale de la société n’est pas à exclure. Ce qui équivaut à ce que les conduites sociales débouchent sur une anarchie généralisée. Du genre « on kidnappe les riches pour nourrir les pauvres et on élimine les pauvres pour protéger les affaires et les plaisirs des riches ».

En vérité, sept fois, le pays peine à s’extraire de l’absurde, de la misère, de la récession endémique parce que cette lutte que nous subissons tous n’est ni forte ni efficace. Ce n’est pas le prix juste pour que le pays renaisse. La politique ne peut pas se résumer à l’acrobatie de descendre ses adversaires pour rameuter le peuple. Sans classe et sans intelligence.

En ce sens, l’observatoire, tout neuf, des crimes contre l’humanité, déroulés en Haïti est bienvenu et a du travail qui l’attend. Les temps ne se contentent pas d’être mystérieux. Ils sont monstrueux.

Jean-Euphèle Milcé

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