Haïti pourra-t-elle gagner la guerre contre le coronavirus ?Haïti pourra-t-elle gagner la guerre contre le coronavirus ?

On ne pourra pas accuser la nouvelle administration Moïse-Jouthe d’avoir pris du retard quant à l’annonce des mesures drastiques contre la propagation du Corona virus. Dès la publication de deux personnes testées positives, le Président de la République est monté au créneau. Et depuis, tous les jours un point de presse est donné au Centre d’information permanente sur le Corona virus installé au Ministère de Culture et de la Communication.

On ne pourra pas accuser la nouvelle administration Moïse-Jouthe d’avoir pris du retard quant à l’annonce des mesures drastiques contre la propagation du Corona virus. Dès la publication de deux personnes testées positives, le Président de la République est monté au créneau. Et depuis, tous les jours un point de presse est donné au Centre d’information permanente sur le Corona virus installé au Ministère de Culture et de la Communication.

Toutefois, entre les annonces et les dispositions pratiques sur le terrain, il existe un fossé qu’il est impératif de vite combler. En effet nos journalistes sur le terrain ont constaté un certain retard dans la livraison des équipements sanitaires destinés à faire face à une pandémie qui endeuille le monde entier. Comme l’affirmait récemment notre directeur de publication, dans ce pays où nous avons la fâcheuse habitude de mourir plus vite que les autres, la lenteur n’est pas une vertu.

Des hôpitaux en étaient la semaine dernière encore à attendre le protocole de prise en charge pour un patient atteint du Corona virus. Un de nos hôpitaux privés a même, aux dires d’un confrère, commencé par ses propres moyens à venir en aide à des personnes testées positives. On se souvient qu’en 2010, le plus moderne de nos centres hospitaliers qui avait mis toutes ses ressources au service des victimes du séisme n’a par la suite bénéficié d’aucune aide pour se relever et a dû fermer ses portes.

Le système de santé haïtien vit depuis plusieurs années dans un épouvantable délabrement ; ce en dépit des efforts de quelques professionnels de la santé. L’hôpital de l’Université d’État (HUEH) en reconstruction depuis maintenant dix ans est demeuré un chantier pharaonique inachevé. Les médecins sur place ne sentent pas l’âme de héros à partir au front, surtout s’ils n’ont pour toute arme que leur bonne volonté. Les nouvelles qui arrivent d’Europe quant à la situation des personnels de santé contaminés en dépit des moyens mis à leur disposition ne les rassurent nullement.

Le virus est une arme de destruction massive et son passe-temps favori est de rapidement remplir les hôpitaux, en déversant de manière ininterrompue un trop-plein de malades qui rendent les services inopérants et le matériel insuffisant. La France vient de faire appel à l’Armée allemande et a commandé 1 milliard de masques en Chine.

L’Italie et la puissante Amérique sont maintenant sur les genoux et compte chaque jour des quantités innombrables de cadavres.

Haïti le pays le plus vulnérable de l’hémisphère occidental jouit encore d’une courte avance avant le grand assaut de la pandémie. Une véritable course contre la montre est engagée par le gouvernement qui vient de se faire assister d’experts en communication et d’un large comité scientifique.

Toujours est-il, selon les déclarations du recteur de l’Université Quisqueya Jacky Lumarque, l’État haïtien ne pourra vaincre seul cette monstrueuse bestiole. Il faudra l’empathie, l’engagement et la solidarité de tous pour lutter contre toutes les formes de stigmatisation. Le peuple des quartiers précaires a besoin du support de l’État, mais aussi des nantis pour cette longue traversée du désert. Tous unis donc sous les drapeaux, pour cette guerre qui s’annonce asymétrique.

Le gouvernement déclare disposer de 50 millions de dollars de la Banque inter-américaine de Développement pour son « effort de guerre ». Il est impératif que les actions sur le terrain suivent les effets d’annonce. Comme on commence à faire le constat avec la livraison des provisions sèches à certains quartiers populaires.

Il reste que de nombreux défis sanitaires sont à relever, les mairies se sont certes mobilisées, mais le quotidien précaire freine le confinement. Cette semaine de grandes manœuvres sont annoncées par les pouvoirs publics. Au décompte : le décongestionnement des prisons, l’aspersion des marchés publics, la commande de 20.000 caisses de matériels sanitaires et un plan de communication plus agressif.

Si les observateurs reconnaissent qu’en annonçant des mesures d’accompagnement pour les entreprises et les familles, le gouvernement semble mener le combat sur les fronts sanitaire et économique, ils restent peu confiants dans la capacité de nos institutions dysfonctionnelles à délivrer la marchandise.

On ne peut accuser le gouvernement de « retard d’allumage », mais attention au pétard mouillé.

Roody Edmé

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