La lenteur n’est pas une qualité

On ne compte plus les comportements, les manies, les postures qui ont beaucoup plus à voir avec l’efet de mode qu’avec l’application de protocoles stricts pour bloquer la propagation du Covid-19 en Haïti. Les quelques points de lavage des mains, éparpillés sur le territoire, sont certes sympas et originaux, mais ne sufsent pas. La République nous avait fait le coup lors de la dernière et meurtrière épidémie de choléra pour un bilan ahurissant de 12 000 morts. Bien entendu, il y avait les CTC et des miettes lâchées par les ONG qui intervenaient encore sous les villages de tentes, produits du séisme de janvier 2010. Pour cette fois, tardivement certes, la prise de parole du président de la République a confrmé certaines nouvelles mesures que tout le monde attendait

On ne compte plus les comportements, les manies, les postures qui ont beaucoup plus à voir avec l’efet de mode qu’avec l’application de protocoles stricts pour bloquer la propagation du Covid-19 en Haïti. Les quelques points de lavage des mains, éparpillés sur le territoire, sont certes sympas et originaux, mais ne sufsent pas. La République nous avait fait le coup lors de la dernière et meurtrière épidémie de choléra pour un bilan ahurissant de 12 000 morts. Bien entendu, il y avait les CTC et des miettes lâchées par les ONG qui intervenaient encore sous les villages de tentes, produits du séisme de janvier 2010. Pour cette fois, tardivement certes, la prise de parole du président de la République a confrmé certaines nouvelles mesures que tout le monde attendait

Aujourd’hui, le monde est en train de trembler et en Haïti nous ne pouvons plus nous contenter d’être anxieux et fondamentalement croyants à notre bonne étoile.

Il est déjà d’une évidence non questionnable que la pénurie (pour quelques-uns) et la famine (pour les autres) guettent et que la persécution des suspectés malades est en route. Les semaines à venir, avec ou sans la propagation rapide du coronavirus, seront dures à cause des restrictions sur la circulation des personnes et des biens. Haïti, pays à mille lieues de l’autonomie alimentaire et de l’empathie, en pâtira.

D’un autre côté, certaines personnes commencent à perdre le sommeil parce qu’elles ont compris que les Haïtiens adorent se confner dans des demi-mesures.

Un peu partout dans le monde, en Haïti également, les responsables ont ordonné la fermeture des écoles, des bars, des salles de concert ainsi que la cessation des tournois sportifs, des festivals et toutes les activités pouvant rassembler des membres de la population.

Le communiqué du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, datant déjà du 15 mars, avait informé la population « que les rassemblements, indépendamment de leur nature et objectif, sont déconseillés ». Quatre jours plus tard, les gérants des jeûnes, des veillées de nuit, des croisades ne se sentent pas concernés. Dans leurs incantations, les fdèles méprisent la dimension humaine de la pandémie. Dieu est grand ! Dieu protège ses enfants ! Quel sera le poids de l’annonce présidentielle ?

Il va de soi que toute la zone métropolitaine, de Furcy à Gressier, est un vaste marché en plein air, sans contrôle et sans des dispositifs d’hygiène. Les marchés publics permettent à la population de s’approvisionner en tout type de produits. Acheteurs et vendeurs se collent les uns contre les autres, se touchent, se parlent, échangent des postillons.

Le transport en commun, laissé depuis toujours aux improvisations des opérateurs du secteur, entasse les passagers comme du bétail. Il paraît que plus de trois quarts de la population urbaine l’utilisent comme moyen principal et récurrent pour ses déplacements. Le virus n’aurait pas trouvé un meilleur moyen pour se propager.

Il n’est pas impossible que les gens aient compris que le ministère n’a fait que « déconseiller » et qu’ils ne sont pas tenus d’être gentils avec le Gouvernement.

Le moment est venu d’imposer l’application de nouvelles mesures annoncées pour protéger les Haïtiens qui ont la mauvaise habitude de mourir plus facilement que les autres. Pour sauver des vies, il n’est plus interdit d’interdire. Que les fdèles prient chez eux et que l’État conditionne les marchés publics et le transport en commun (en faisant respecter des consignes strictes aux opérateurs et aux usagers) ! Les mesures doivent être proportionnelles à la menace. Et, il faut agir vite

Jean-Euphèle Milcé

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