« Le temps des charognards » !

Un nouveau gouvernement vient d’être installé à la Primature, le cinquième. Devant l’échec des négociations avec des partis de l’opposition, le président a décidé de mettre en place un gouvernement de son cru. Avec l’aval direct ou indirect de groupements proches du Gouvernement ou de partis politiques modérés ? Toujours est-il que les dés demeurent pipés. L’opinion publique aurait souhaité la mise en place d’un régime au spectre plus large, où seraient représentés des secteurs différents qui en assumeraient une gestion collective. Un pouvoir qui serait capable de nous faire entrer dans une ère d’apaisement.

Un nouveau gouvernement vient d’être installé à la Primature, le cinquième. Devant l’échec des négociations avec des partis de l’opposition, le président a décidé de mettre en place un gouvernement de son cru. Avec l’aval direct ou indirect de groupements proches du Gouvernement ou de partis politiques modérés ? Toujours est-il que les dés demeurent pipés. L’opinion publique aurait souhaité la mise en place d’un régime au spectre plus large, où seraient représentés des secteurs différents qui en assumeraient une gestion collective. Un pouvoir qui serait capable de nous faire entrer dans une ère d’apaisement.

Les Haïtiens sont encore loin de cette réalité. Les négociations avaient semble-t-il, achoppé sur une question de réduction du mandat du chef de l’État. Encore une fois les discussions se sont concentrées autour de la Présidence du président Jovenel, au détriment des questions de gouvernance fiable à instaurer ou de système inique à changer. Le président entend s’accrocher au temps constitutionnel de son pouvoir, l’opposition voudrait, elle, réduire ce qu’elle considère comme une gouvernance faible et inadaptée aux besoins actuels du pays.

Toujours est-il que le Landerneau politique dans son horizon le plus lointain n’arrive pas à mettre en place les fondamentaux de cette nouvelle République incontournable pour la renaissance de notre pays.

C’est donc avec un mélange de scepticisme et de faible espérance que la majorité silencieuse a assisté à l’intronisation du nouveau pouvoir. Un gouvernement qui aura à se coltiner avec une insécurité qui prend des allures d’un véritable tsunami. Mardi dernier, le taux d’enlèvement a été tel que l’on a assimilé cette nuit à une véritable « rafle », une sorte de nuit des longs couteaux.

Le kidnapping est devenu une norme sociale que le nouveau gouvernement devra combattre avec la dernière rigueur. À cette fin, il faut qu’il ait les moyens de mettre en place une politique sécuritaire qui ne soit pas de la poudre aux yeux, et bénéficier de l’appui de la population encore incrédule quant à la volonté réelle des politiques. Le pays vit dans une période d’incertitude générale au sujet de l’avenir qu’il n’a jamais connu, et ce en dépit des multiples crises du passé. La multiplication des gangs verrouillant l’espace urbain est un défi de taille pour tout gouvernement actuel et à venir. C’est une question qui mérite d’être étudiée dans nos universités, nos partis politiques, au sein de la société civile. Il s’agit d’arracher une jeunesse perdue des griffes du banditisme, de groupes armés qui disposent aujourd’hui en plus d’une incroyable puissance de feu, en plus des facilités de communication qu’offrent les réseaux sociaux et surtout certains talks shows plutôt complaisants.

Il faut aussi que la Police nationale retrouve une certaine unité. Car fragmentée comme elle est, et avec une motivation au rabais, elle risque de se débander et perdre tout pouvoir de dissuasion.

Toujours est-il que le week-end dernier, les forces de sécurité ont quand même fait quelques entailles dans cet arbre aux racines profondes de l’insécurité qui plombe la vie sociale haïtienne. Ces quelques victoires si elles sont encourageantes, sont loin de démobiliser des PME du crime qui bénéficient des investissements iniques de barons de toutes les combines antisociales.

L’heure est grave. Et la question de l’insécurité ne peut plus se poser sur un mode manichéen, tant l’évènement prend une ampleur dramatique. C’est désormais une question nationale qui concerne chaque citoyen.

Face à un tel danger comme le disait une fois l’un des pères fondateurs de ce pays : « les villes doivent disparaitre et la nation entière debout pour faire face à l’adversité ».

Roody Edmé

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